Vice versa

Vice versa de Pete Docter & Ronaldo Del Carman ( U.S) °°
Que se passe t-il dans la tête des gens? Pixar essaie d'y répondre en inventant des émotions- personnages dans celle d'une petite fille. Celle qui domine est Joie mais chacune d'entre elle a un rôle à tenir. (Colère, dégoût, peur, tristesse) Cela aurait pu être formidable, mais le très long passage dans l'inconscient, le rêve etc alourdit considérablement le film. Le début était prometteur et le générique final montre ce qu'aurait pu être le film en multipliant les émotions à tous les personnages du film. Elle est sauvée par la famille et par tristesse émotion qu'on découvre plus qu'utile. Un personnage, ami imaginaire de Riley, est très réussi et même émouvant, sinon malgré la richesse créative, je suis resté un peu sur ma fin.

Valley of love

 Valley of love de Guillaume Nicloux (Fr) °°
Quel dommage que Depardieu soit ce qu'il est devenu, parce que quand on le voit, énorme, évoluer dans ce film on a envie de l'aimer comme avant. Du temps qu'il était Cyrano ou d'autres. C'est un beau duo que nous offre Guillaume Nicloux, des retrouvailles, pas seulement pour le couple de Loulou mais pour nous aussi avec deux excellents acteurs. Pour le reste le film est plutôt fade, on fait du tourisme dans la vallée de la mort, on croise deux, trois personnages inintéressants en attendant Godot, le fils suicidé qui doit réapparaître! Reste, Depardieu, fragile, dans cette exhibition de chair ( la scène où il est allongé sur le lit parcourant un journal est incroyable on dirait une baleine échouée et pourtant on s'attendrit) et Huppert fébrile et émouvante. A découvrir.

Les mille et une nuits Vol 1

 Les mille et une nuits de Miguel Gomes (Port) °°
Il y a trois ans on découvrait Tabou, un choc émotionnel. Du coup savoir que Miguel Gomes sort un nouveau film en trois parties de 2 h 00 chacune ça met l'eau à la bouche et puis... il y a cet objet bizarre pas inintéressant, déroutant. D'abord un prologue long, ennuyeux résultat un quart de la salle s'enfuit. Et c'est dommage parce que quand les histoires commencent, celles de ce Portugal blessé par la crise et les directives européennes, il y a des moments de grâce et de poésie absolus. Une baleine échouée sur la plage qui explose, les visages de ces magnifiques qui murmurent leur souffrance. Le premier épisode s'appelle l'inquiet peut-être que les suivants seront moins sombres même pour dénoncer la misère. C'est un film fleuve qui emprunte à d'autres réalisateurs ( et ils sont nombreux) des idées, des humeurs ( ce n'est pas un reproche) qui m'a intrigué mais pas totalement séduit, à suivre.

Voyages avec ma tante

   Voyages avec ma tante d'après Graham Green par Nicolas Briançon
 (La Pépinière)°°°
Un banquier londonien voit débarquer dans sa petite vie rangée une tante excentrique qui va révolutionner sa façon de vivre le monde. Quatre magnifiques comédiens ( Claude Aufaure, Jean-Paul Bordes, Dominique Daguier et Pierre-Alain Leleu) jouent à tour de rôle la tante, Henry, une jeune fille et même quelques animaux dans un tourbillon de fantaisies drolatiques. Décors simple mais très joliment exploité. La mise en scène fourmille d'idées, d'humour pour nous balader de Londres à Asuncion en passant par Paris et Istanbul. Que du bonheur !

Jurassic World

 Jurassic World de Colin Trevorrow (U.S) °°
Copier-coller du premier film dinosaurien mais on le regarde quand même, parce qu'on aime bien ces bêtes encore plus grosses, encore plus méchantes entre les mains de gens encore plus débiles. La 3 D apporte une réelle efficacité, on plonge littéralement dans leurs gueules. Cette fois il s'appelle  Indominus. On l'a trafiqué pour pouvoir se camoufler, raisonner et s'adapter pour échapper à ses prédateurs. Oups! On devine évidemment ce qui va se passer. Et tout arrive comme prévu. Quelques longueurs, quelques frissons, parfait pour l'été qui tarde à venir.

La résistance de l'air

 La résistance de l'air de Fred Grivois (Fr) °
Je tiens parole: je vais voir tous les films de Reda Kateb. Il faut bien un jour tomber sur un petit film sans grand intérêt. Tout est convenu, tiré par les cheveux. Qui confirait le rôle de tueur à gages à un père de famille tranquille et plutôt casanier ? Bien sûr Reda joue toujours aussi bien, Tcheky Karyo campe un grand-père à la tatie Danièle intéressant et puis plus rien. Décevant.

Mustang

M        Mustang de Deniz Gamze Ergüven (Tur /Fr) °°°
Très beau film sur la condition de cinq  jeunes filles turques. Elevées par un oncle pas tout à fait net après la mort de leurs parents, ces ados sont véritablement enfermées dans une maison, progressivement, parallèlement à leur rébellion intelligente. Ensemble elles sont la force, le désir, la sensualité, la soif de vivre, solidaires face à l'ennemi, seules elles sont fragiles, dépendantes du vouloir des hommes - même si quelques femmes du film les comprennent d'autres les dénoncent par tradition ou jalousie - et manipulables à merci. Ce film déborde de fougue ( le scène du match de foot et des fusibles est hilarante) de vitalité sans cesse refoulées par tel ou tel aspect de tradition ou de quand dira-ton. Les actrices sont formidables, toutes les cinq. Et puis le tragique rôde et frappe. La malice s'effacera. Responsables, elles affronteront l'inconnu vers un avenir incertain. A voir derechef.

Un français

 Un français de Diastème (Fr) °°
Raconter trente ans de fascisme en 1 heure 38 est ambitieux, peut-être vain mais surtout hyper intéressant parce que cet exercice nous offre quelques piqûres de rappel indispensables. Bien sûr il y a ellipses qui gênent un peu dans la logique du récit mais sans plus. D'abord il y a les acteurs absolument parfaits, des scènes de bastonnades redoutables et l'idéologie dénoncée parfaitement sous une couche de respectabilité feinte. Les plus redoutables ne sont pas ceux qui pourrissent en prison ou à l'hôpital mais dans les instances politiques. Le héros, magnifique Alban Lenoir, prend conscience de l'absurdité de tels comportements et sert de jauge par rapport à ses compagnons de haine et à leur futur. Ils viennent d'un monde pourri, issu de la bêtise et d'un  héritage raciste et homophobe et pour s'en venger en fabrique un plus pourri encore. A voir et à méditer.

Ex machina

 Ex machina d'Alex Garland (G.B) °°
Premier film pour l'écrivain de "La plage", du scénariste de "28 jours plus tard" et surtout de " Never Let Me Go". Il continue à explorer le futur des possibles. Très anxiogène, angoissant même, dès le tout début quand Domhnall Gleeson arrive dans des paysages désertiques et dans une maison au design glaçant, le malaise devient total par l'interprétation d'Osacr Isaac, méconnaissable en savant fou. Peut-on tomber amoureux d'un robot, l'intelligence artificielle est-elle l'avenir de la planète telles sont deux des questions soulevées par ce film, quelques fois un peu minimaliste, anti américanisant. A voir.