The night agent de Shawn Ryan (U.S) °° 1 saison, 10 épisodes
Un agent du FBI se trouve mêlé à une sombre conspiration interne pour éliminer la présidente des U.S en introduisant une action terroriste fictive. C'est réglé au cordeau, rythmé, bien joué sans être d'une grande originalité, mais cela se laisse voir avec plaisir.
The lost king de Stephen Frears (G.B) °° 1 H 48
Comme d'habitude Frears nous régale avec un petit film qui rend justice à Philippa Langley, une mère de famille "normale" passionnée d'Histoire qui va à la force du poignet et contre le monde entier, découvrir la tombe de Richard III, celle-ci étant située sous un parking glauque de Leicester. Elle devra affronter le mépris, la condescendance, l'indifférence, l'incrédulité des gens et surtout des universitaires qui sauront retourner la situation à leur avantage. Même le côté kitsch des apparitions de roi n'abîme pas trop le film. Sympa.
Apaches de Romain Quirot (Fr) °° 1 h 35
1900. Bienvenue en ce siècle nouveau. Les Apaches sévissent sur le Nord de Paris et font trembler les bourgeois. Ambiances à la Eugène Sue, sur un rythme explosif, Alice Isaaz règne sur cette redoutable petite bande pour se venger de la mort de son frère Ficelle ( cf la Chouette ou la Louve dans les Mystères de Paris) La réalisation est vraiment chouette, dans des décors et des costumes réussis, se permettant des anachronismes savoureux et des acteurs qui visiblement y prennent du plaisir : Niels Schneider, Rod Paradot, Artus, Hogo Becker, Emilie Gavois-Khan, D. Pinon, B. Lochet... seule l'histoire aurait pu être un peu plus originale, mais ne boudons pas ce divertissement. Sympa.
Grand Paris de Martin Jauvat (Fr) °° 1 H 12
Sympathique et lunaire. C'est une balade nocturne dans le Grand Paris des travaux par deux gentils olibrius qui essaient tant bien que mal de revenir chez eux, les transports étant défaillants. Ils font quelques rencontres toutes charmantes dont un William Lebghil ahuri et adorable, sorte de bon samaritain de banlieue et Sébastien Chassagne génial illuminé adepte de complots. C'est fait avec trois francs, trois sous, mais c'est ce qui en fait le charme: les silos de grains deviennent des châteaux, les souterrains des travaux des cavernes, des cryptes antiques. Mais j'ai trouvé ce film plus désespéré, triste, mélancolique que drôle. Curieux.
Les coquettes, merci Francis (Grand point virgule) °°° 1 H 30
Mélodie, Lola et Marie sont de retour et triomphent dans leur tenues chics et glamour avec leur verve acidulée. Elles osent tout. Mais d'abord se sont de merveilleuses chanteuses, avec des textes drôles, intelligents, brillamment interprétés. Chansons engagées, contemporaines, décalées, culottées, féministes, politiques mais aussi poignantes même dans leur gaillardise. Jamais vulgaires ni grossières, simplement enthousiastes, charmantes, comédiennes et cabotines ( dans le bon sens). Une soirée qui fait du bien. Un coup de cœur.
Ailleurs si j'y suis de François Pirot (Bel) °° 1 H 43
Jérémie Renier fatigué du quotidien entre dans une forêt, s'y installe et n'en revient pas. Ce choix radical va entrainer le désordre dans son entourage familial et professionnel. Burlesque, poétique, philosophique, décalé, un peu long cependant mais servi par des acteurs d'exception notamment Jean-Luc Bideau . Pourquoi pas.
Dalva d'Emmanuelle Nicot (Bel/Fr) °° 1 H 25
Film qui sonne toujours juste à travers l'histoire d'une jeune fille abusée par son père. Celui-ci l'a enlevée à 9 ans à sa mère, séquestrée et a construit des relations malsaines qu'elle ne peut accepter comme interdites mais normales quand celui-ci est arrêté. Le film souffre de l'abondance des films sur le presque même sujet, on a l'impression de l'avoir déjà vu mais la sincérité de la réalisatrice l'emporte . C'est un premier film tout en finesse et assez positif. Pourquoi pas.
Eternal daughter de Joanna Hogg (G.B) °° 1 H 36
Deux Tilda Swinton pour ce film classique plus près de Night Shyamalan que du "tour d'écrou" de James. Une mère et sa fille arrivent dans un hôtel désert à l'ambiance gothique, une pour écrire, l'autre pour se rappeler quelques souvenirs. C'est presqu'une histoire de fantômes, tout semble abandonné et pourtant , les repas sont servis, l'intendance suit, seuls des bruits étranges troublent le sommeil de la fille, et des visages blafards apparaissent aux vitres dans la nuit brumeuse. Ce sont les liens entre les deux femmes qui intéressent surtout, mère, fille, dominante, dominée, la vie , la mort.... Pourquoi pas.
Le bleu du caftan de Maryam Touzani (Fr/Maroc) °°° 2 H 02
Des simples caresses sur un tissu bleu satiné, sur la joue de sa femme ou sur la main de son jeune apprenti suffisent à dévoiler toute la sensualité, la délicatesse d'Halim (Saleh Bakri) tailleur homo refoulé. Il est en couple depuis longtemps avec Mina (magnifique Lubna Azabal) qui partage son secret mais qui l'aime pour l'être pur qu'il est. Malheureusement elle soufre d'une récidive de cancer. L'arrivée de Youssef (Ayoub Missioui , de toute beauté et de justesse) va un peu réveiller ce couple endormi: elle en petites provocations, lui en s'assumant un peu plus. Maryam Touzani, après son très beau "Adam" confirme qu'elle maîtrise à la perfection la pudeur, le trouble, les sentiments, la complicité, les jeux de regards, sans oublier ses approches subtiles de l'émancipation ou des tabous. A voir sans tarder.
La tempête de Shakespeare (Huchette) °°
Mise en scène d' Emmanuel Besnault. Pari presque réussi de faire tenir sur le tout petit plateau de la Huchette la dernière pièce du maître. Un décor minimaliste des planches, des draps, trois comédiens formidables Jérôme Pradon, Marion Préïté et Ethan Oliel pour jouer tous les personnages en s'intéressant principalement à Prospéro, Ariel, Caliban et Miranda. Mise en scène sobre mais efficace, juste les moments chantés ne m'ont pas du tout convaincu, ce ne sont pas vraiment des chansons, plutôt du texte musical. Bref, une soirée surtout pour les comédiens.
Seven seconds de Veena Sud (U.S) °° 1 saison, 10 épisodes Netflix
Série très sombre qui prend son temps ( 10 épisodes étaient-ils nécessaires pour raconter ce fait divers ?) Elle suit une policière noire, alcoolique et tourmentée qui ne croit pas à la version policière quand un adolescent afro-américain meurt après avoir été renversé par une voiture. On sait dès le début que c'est un policier qui a fait le coup et on s'intéresse aux manipulations de ses collègues pour cacher le fait, au procès orienté, aux tensions qui s'exacerbent. pourquoi pas.
Chili 1976 de Manuela Martelli (Chili) °° 1 H 35
Une femme bourgeoise s'occupe, sur la demande du prêtre de la famille, d'un jeune garçon qui s'est fait tirer dessus par la police de Pinochet, présenté d'abord comme un simple voyou. Elle qui vit une existence sans histoire, va peu à peu prendre son rôle au sérieux, réaliser l'horreur de la situation du pays, entre les disparitions, les morts, et commencer à aider à ses risques la "résistance". Premier film très maîtrisé, sensible qui reste dans l'intime et interprété avec talent par Aline Küppenheim. Pourquoi pas.
De grandes espérances de Sylvain Desclous (Fr) °° 1 H 45
Thriller politique classique. Loups aux dents longues, amoureux, rois du monde ils commettent un crime qui va peut-être nuire à leur ascension programmée. De bons acteurs, il y a aussi Emmanuelle Bercot aux regards inquisiteurs incroyables et Marc barbé (que j'adore) pour un film qui raconte les élus de classes plutôt qu'il ne les dénonce. Pourquoi pas.
Un varòn de Fabiàn Hernàndez (Colombie) °° 1 H 22
Le réalisateur suit au plus près un jeune garçon qui voudrait être un leader ou tout du moins un homme que l'on respecte dans les rues de Bogota. Filmé principalement de nuit dans une ville montrée sous sa forme la plus dégradée (il y a d'autres quartiers à Bogota qui ne ressemblent pas à ceux-là, heureusement) ce portrait est un peu bancal. On comprend les intentions mais on adhère pas vraiment parce que trop répétitif. Il se dégage en de rares moments une certaine tendresse dans un monde de brutes. Si vous êtes curieux.
François Rabelais, portrait d'un homme qui n'a pas souvent dormi tranquille de Philippe Sabres & Jean-Pierre Andréani (Essaïon)°° 1 H 20
Mise en scène de Jean-Pierre Andréani. Pièce didactique jouée par deux comédiens habités. Etienne Dolet, éditeur de Gargantua & Pantagruel est brûlé sur un bûcher. Rabelais, menacé, prend peur poursuivi par la Sorbonne et s'enfuit. On nous raconte l'histoire plus qu'on ne la vit, ici, pour un champion du rire dont on vante les bienfaits, il en manque un peu, mais on passe un assez bon moment.
Emily de Frances O'Connor (G.B) °°° 2 H 10
Moderne et exaltée, Emma Mackey est une Emily étincelante et émouvante. C'est le film romantique par excellence mais pas que. Il y a dedans des instants biographiques, on reconnait aussi des passages littéraires des "Hauts du Hurlevent" cette ambiance qu'on n'oublie pas une fois avoir lu le livre et les aspirations de la réalisatrice. On y sent, à aucun moment, le côté biopic. C'est une belle et douloureuse histoire d'amour avec William Weightman le beau vicaire, qui ne peut s'épanouir quand on a un père pasteur froid et distant, un frère trop aimant alcoolique ou sous opiacés à une époque qui ne laisse pas les femmes vivre leurs rêves. Une ode à la liberté, à la passion et à la création.
Une vie d'après Guy de Maupassant (Petit Saint-Martin)°°° 1 h 40
Quel performance ! Clémentine Célarié tout en larmes porte le chef d'œuvre de Maupassant par un "seule en scène" éblouissant, joliment mis en scène par Arnaud Denis. Elle est époustouflante. "Une vie", j'avais adoré le livre, lu, il y a une cinquantaine d'années et j'ai redécouvert l'histoire, la cruauté qu'affectionne l'auteur. Une vie de merde en somme mais banale pour l'époque livrée au patriarcat. Comme dirait l'autre:" voyez-vous, ça n'est jamais si bon, ni si mauvais qu'on croit" mais je rajoute que certaines sont vraiment plus agréables que d'autres.
Barbe bleue d'Amelie Nothomb (Artistic théâtre) °° 1 H 30
La mise en scène de Frédérique Lazarini est vraiment originale et enlevée. Les quatre comédiens sont assez bons mais c'est le texte qui est vraiment léger. Cette revisite de Perrault fait pale figure par rapport au conte lui même; il se transforme en petite bluette, une sorte de belle et la bête du septième arrondissement. On a envie de plus de mordant, de trouble, d'ambiguïté. C'est trop lisse. Mais à vous de voir.
Sage homme de Jennifer Devoldère (Fr) °° 1 H 45
Ce film est un hommage aux sages femmes, profession très mal connue et dévalorisée. Karin Viard est vraiment formidable (comme d'hab) en cheftaine de service au caractère bien trempé et à l'humanité sans limite, elle rayonne. Elle prend sous son aile un jeune de banlieue ( Melvin Boomer très bien) frustré d'avoir raté médecine et réfractaire évidemment à ce métier qui l'oblige à s'habiller de rose. Le film montre les problèmes de l'hôpital, le manque de personnel, les tensions, les rapports difficiles avec certains patients, le hiérarchie ignorante du terrain ... Bref une piqûre de rappel à la François Ruffin. Sympa.
Le sang des Murdaugh, scandale en caroline du sud de Julia Willoughby Nason & Jenner Furst documentaire Netflix (U.S) °° mini série 1 saison, 3 épisodes.
Incroyable enquête sur une famille richissime qui est responsable d'au moins cinq meurtres par leur inconséquence ou leur volonté de nuire (alcool, détournement d'assurance vie, témoin gênant ...) Il y a des gens mauvais partout mais ce qui glace ici, c'est la corruption totale de la police et celle tout autant scandaleuse de la justice à la botte de cette famille toxique qui règne en en toute impunité dans cette région de Caroline du sud. Elle nous fait penser, au comportement de Donald Trump, surtout qu'il y a un air de ressemblance physique. Plus je mens, plus c'est gros, plus j'allonge le fric, plus ça passe. Ecœurant.
Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras (U.S) °° 1 H 57
Très long documentaire sur la photographe Nan Goldin qui se bat contre la famille Sacker à la tête d'un groupe pharmaceutique qui par sa mise sur le marché de produits dangereux, a tué des centaines de milliers de personnes. Activiste, victime d'addiction, elle crée le PAIN et lutte pour que les musées refusent les donations de cette famille et pour qu'ils retirent leur nom "assassin" de leurs galeries. ( C'est le Louvre qui a commencé le retrait). C'est aussi un très beau portrait de femme en marge, issue d'une famille toxique ( la sœur s'est suicidée) et d'amitié dans le monde interlope des années 70/80. Passionnant . Lion d'or à Venise 2022.
Houria de Mounia Meddour (Fr) °° 1 H 38
C'est la même histoire que "En corps" avec des relents politiques très forts, en terre algérienne, même si le film a été tourné à Marseille, il est toujours sujet d'émancipation des femmes, de leur place dans la société, d'émigration comme moyen de s'en sortir, dans un contexte de retombées de guerre civile. Lyna Khoudri est toujours aussi dynamique, en danseuse au parcours brisé et elle est entourée par deux formidables actrices Hilda Amira Douaouda et Meriem Medjkane d'un optimisme jubilatoire, sans oublié Rachida Brakni et Nadia Kaci, bien sûr. Moins fort que "Papicha", plus démonstratif mais très agréable. Pourquoi pas.
Changer l'eau des fleurs d'après Valérie Perrin (Théâtre Lepic) °°
Mise en scène de Salomé Lelouch & Mikael Chirinian. Un très joli petit théâtre pour une pièce très émouvante. Violette est garde cimetière à Briançon sur Chalon en Bourgogne, consciencieuse, elle travaille dur et joue un peu le rôle de psy pour les gens qui ont perdu un proche. Un jour, un homme débarque parce que sa mère veut que ses cendres soient enterrées auprès d'un inconnu. Sa vie va basculer. Ambiance ouatée, acteurs performants, sujet grave traité avec humour. Une belle soirée.
The wale de Darren Aronofsky (U.S) ° 1 H 57
Brendan Fraser repart avec son oscar et c'est ma foi bien mérité (même si Austin Butler "Elvis" le méritait tout autant, voire plus, son jeu étant beaucoup étendu, mais bon..) il est dans ce rôle éléphantesque prodigieux et assez bouleversant. C'est le gros atout du film qui est aussi léger que son héros est énorme. Le reste est une autre histoire. Aronofsky fait des films lourdingue depuis le début ( à part "Requiem for a dream, que j'avais bien aimé) qui ne repose que sur du pathos, du préchi-précha religieux, du mélo larmoyant. ( Rappelez-vous: Noé, Mother, the wrestler, the foutain) Heureusement il y a le regard malicieux de ce professeur et surtout Hong Chau, infirmière dévouée, grande gueule, qui secoue tout ça . La fin est pathétique, mais notre côté voyeur malsain nous fait rester jusqu'au bout, vous verrez...
Mon crime de François Ozon (Fr) °°° 1 H 42
Enlevé. Ozon retourne aux adaptations théâtrales commencées avec "Gouttes d'eau", "8 femmes" ou "Potiche" et il y excelle. L'artifice, la théâtralité, le vaudeville, la surenchère au service des femmes en jouant avec le glamour, les décors magnifiques, les reconstitutions réussies, les dialogues un tantinet suranné, les costumes rutilants, un rythme soutenu, un humour permanant. Les acteurs tous parfaits s'amusent énormément et cela se voit, c'est contagieux. Isabelle Huppert en tête, moitié Sarah Berhardt moitié folle de Chaillot, elle tourbillonne jouant avec son image avec jubilation. Et quelle distribution autre que nos deux héroïnes: M. Boyer, A. Dussolier, D. Boon, Evelyne Buyle, R. Laspales, M. Fau, D. Prévost, J.C Bouvet, F. de La Personne et un duo irrésistible Fabrice Luchini et Olivier Broche. Il y a là tout le cinéma. Un film de son temps (patriarcat, égalité des sexes ...) avec une ambiance d'autrefois. A voir.
Lidia Poët de Guido Luculano & Davide Orsini (I) °° 1 saison, 6 épisodes, Netflix
Inspirée vaguement de la première femme avocate italienne, cette série sans prétention est assez prenante. Lidia Poët résout un meurtre à chaque épisode avec maestria et se bat en parallèle pour ses droits et ceux des femmes. Tout à fait charmant.
En plein feu de Quentin Reynaud (Fr) °° 1H 25
Intense. Film court, presqu'un huis-clos dans un 4X4 en proie aux flammes d'un gigantesque incendie dans les Landes ( film réalisé avant les vrais de l'été 2022) . Le réalisateur a su créer une ambiance dramatique avec trois fois rien, un vrai suspense mais sans le côté "héros américain" qui combat les forces de la nature, revoit ses erreurs, et se prend la tête tout en invoquant le tout puissant. Non rien de tout cela et c'est tant mieux. Deux très bons acteurs (Lutz et Dussolier) pour un film tout simple.
Et l'amour dans tout ça ? de Shekhar Kapur (G.B) °° 1 H 49
Charmant. Le titre nul nuit beaucoup à cette comédie romantique pas si niaise que ça. Lily James (de retour) est une documentaliste qui suit et décortique le mariage arrangé de son voisin, ami d'enfance. C'est le moyen idéal pour aller gratter plus profond, là où ça coince. C'est sans prétention, Emma Thompson se lâche pour notre plus grand plaisir. Côté masculin, le casting est parfait avec Shazad Latif et Oliver Chris. Pour se remettre de tous les films plutôt durailles de ce début d'année....
Luther de Jaimie Payne (U.S) °° 2 H 09 Netflix
Thriller assez réussi sur la traque d'un sérial killer qui utilise le darknet pour assouvir ses mauvais instincts. Idris Elba est parfait dans ce rôle: il est arrêté, mis en prison; il s'en évade, et réussit à traquer le méchant à l'autre bout du monde et tout ça en 2 H 00 . Trop fort mais on aime bien.
Les petites victoires de Mélanie Auffret (Fr) °° 1 H 29
Kerguen en Bretagne, la maire et ses administrés luttent contre la désertification du village. Elle (Julia Piaton, charmante) est aussi institutrice et accepte dans sa classe un nouvel élève un peu plus âgé, illettré Michel Blanc qui s'amuse comme un petit fou avec les élèves de sa classe. De bons mots, des scènes rigolotes assez réussies , d'autres un peu moins, mais ce film amuse et parle gentiment de choses plus graves. Pour une bonne soirée télé.
You de Greg Berlanti & Sera Gamble (U.S) °° 4 saisons, 40 épisodes, Netflix
On était content de retrouver notre assassin de professeur qui tue sans le vouloir ou parce qu'il est obligé ou pour faire plaisir ou par amour ou... bref il a toujours une bonne raison de dessouder son prochain, mais là après L.A, San Francisco il se retrouve à Londres pour continuer son œuvre et cela commence à fatiguer. C'était déjà pas très crédible, l'humour sauvant l'histoire, mais là ça frise le ridicule. Il est temps que ça s'arrête mais vu la fin du dernier épisode il est possible qu'on en reprenne une saison de plus. Amusant.
Women talking de Sarah Polley (U.S) ° 1 H 45
Bavard et théâtral. Dans une communauté religieuse des femmes lassées d'être brutalisées, violées après avoir été avoir été droguées, réduites à une sorte d'esclavage se rebellent, se réunissent et parlent de leur avenir. Ce film tout généreux qu'il pense être, est un huis clos étouffant qui fait du surplace. C'est un drame bolivien transposé aux Etats-unis. On a l'impression que la réalisatrice veut aborder tous les problèmes en même temps, sans respiration, l'éducation, la religion, l'émancipation, la révolte, la honte, la peur, les responsabilités, la famille, les crimes, .... Les bonnes intentions ne font pas forcément de bons films.
Zenele Muholi (MEP) °°°°
Exposition absolument indispensable parce que chargée d'une émotion incommensurable. Lesbienne sud-africaine, activiste "visuelle" de renommée mondiale elle photographie la communauté noire LGBTQIA+ en photographiant en de merveilleux portraits. Plus de 200 œuvres sont exposées ici qui représentent un peu l'ensemble de sa carrière. Ses autoportraits du dernier étage usant de tous les ustensiles possibles comme parures ( éponges en inox, gants, pneus, épingles à linge, peignes -cf l'affiche- etc...) qui veulent tous dire quelque chose sont à tomber par terre, d'une force incroyable; Ils nous remuent. Une des plus belles expos et ce depuis longtemps. ( 5 rue de Fourcy M° St Paul)
Hiroshige (musée Guimet) °°
Toute petite expo sur les éventails dessinés par Hiroshige. C'est pointu, intéressant mais pas essentiel.
La syndicaliste de Jean-Paul Salomé (Fr) °°° 2 H 01
Salomé aborde un nouveau registre, le thriller politique et réussit haut la main son pari. Surtout qu'il s'agit d'une histoire vraie, récente, où il a gardé tous les noms ( qui sont encore dans notre mémoire ) Maureen Kearney, syndicaliste chez Areva, est agressée chez elle, porte plante et par une volonté politique de victime, va devenir coupable, par son comportement qui ne correspond pas à ce qu'on attend d'elle dans une telle circonstance. Isabelle Huppert incarne à la perfection ce genre de personnage, fort et fragile, distante et chaleureux. Il y a là un casting de ouf, M. Foïs, Grégory Gadebois, Pierre Deladonchamps, Yvan Attal, Christophe Paou ...) Chaque personnage est ambigu, complexe et qui rend le cheminement de l'histoire passionnant. Clémentine Autain a demandé une commission d'enquête et à recevoir Arnaud Montebourg. Affaire à suivre. Un film permettra t-il de voir plus clair dans une affaire d'état. Pourquoi pas. A voir.
The sinner de Derreck Simonds (U.S) °°° 4 saisons, 32 épisodes
Harry Ambrose au fil des saisons sonde l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus tordue en résolvant à chaque fois une enquête complexe. C'est très prenant, surtout que les tordus sont légion dans ses aventures. Il y a toujours un très bon choix de comédiens pour accompagner Bill Pullman (Frances Fischer, Matt Bomer, Jessica Hecht, Carrie Coon, Hannah Gross, Jessica Biel, Christopher Abbott...) Mais le côté dépressif , halluciné de notre détectif commence à fatiguer un brin.
Le barrage d'Ali Cherri (Fr/Soudan) ° 1 h 20
Près du Nil, un homme fabriquant de briques s'échappe de temps en temps pour construire en un lieu secret une sorte de pyramide de boue; pourquoi ? A quoi cela fait référence? Mystère. la contemplation au cinéma a des limites mais a su séduire la biennale de Venise ( lion d'argent). On dirait un petit garçon qui découvre les matières: l'eau, la terre, l'air. j'en suis resté dubitatif. moi qui devait aller au Soudan en février cela ne m'en apprend pas plus, à part quelques échos de la colère du peuple par le truchement d'une radio. Un gros bof.
The son de Florian Zeller (U.S) ° 2 h 03
On ne peut pas se mettre dans la peau de quelqu'un qui va mal, mais cet ado ( Zen McGrath) m'a insupporté, une véritable tête à claques . A aucun moment je n'ai compati avec cette famille car tout est appuyé, démonstratif, dans une mise en scène assez lourdaude, tout à fait prévisible. Hugh Jackman n'est pas en cause, Laura Dern non plus et en une scène Anthony Hopkins remporte la timbale. Je dois avoir un cœur de pierre, mais même si cela n'a rien à voir, je n'ai pas pu m'empêcher de voir défiler dans ma tête tous les élèves que j'ai eu avec des vraies raisons d'être en souffrance terrible et le mal-être du garçon paraît si dérisoire. Ce film est trop maladroit pour que notre imaginaire fonctionne, mais à vous de voir.
Synchronic de Justin benson & Aaron Moorhead (U.S) ¤ 1 h 42
Série Z qui ne vaut que par la présence de Anthony Mackie et Jamie Dornan, deux agents ambulanciers qui sont confrontés à une drogue expérimentale aux effets secondaires paranormaux. Elle vous envoie dans un autre temps et ses dangers. Bête à souhait.
The fabelmans de Steven Spielberg (U.S) °° 2 h 30
Si la première demi-heure est tout à fait réjouissante la suite est beaucoup plus laborieuse. Au collège, cela ressemble plus à un épisode de Sex-éducation sur Netflix et "le secret" familial est ridicule, il n'y a pas de cadavre dans le placard, loin de là. Spielberg montre très peu finalement de ses premières envies de cinéma et reste braqué sur ses parents qui sont la faiblesse du film. Michèle Williams cabotine beaucoup trop même si le réalisateur la filme avec tendresse et Paul dano est aussi expressif qu'un poireau. La mise en scène reste brillante mais au service de pas grand chose. Le final avec John Ford (David Lynch) et son horizon rattrape en une scène l'ennui qui commençait à poindre, par contre je n'ai pas vu les 2 h 30 passer. A vous de voir.
Moi aussi je suis Barbara de Pierre Notte et Pauline Chagne (Studio Hébertot) °°° 1H 15
Une fois que l'on s'est habitué à la plume de Pierre Notte on savoure un spectacle étonnant. Quand Pauline Chagne commence à chanter "Vienne" on est chez Gaston Leroux: on croit voir et entendre la chanteuse revenue des morts. C'est bouleversant, étrange. Cette actrice un peu fragile au début se métamorphose et dans "Mon enfance" les larmes montent, cela tient du miracle. Il faut le voir pour le croire, la pièce, elle reste plus modeste dans une mise en scène sobre.
Red Rose de Paul & Michael Clarkson (G.B) °° 1 saison, 8 épisodes
Série plutôt bien fichue sur les dangers des applis malveillantes, à la "Black Mirror". Passé le premier épisode très appuyé, on suit ces ados harcelés par leur portable avec intérêt. Pas caricatural, c'est juste une réflexion sur nos habitudes des réseaux, sans être horrifique, mais assez stressante pour qu'on soit curieux jusqu'au bout.
Empire of light de Sam Mendes (G.B/U.S) °°°° 1 H 59
Sublime. Ce n'est pas un film sur le cinéma mais qui se déroule dans un cinéma: l'Empire au bord de mer, décrépit et majestueux, art-déco rougeoyant et chaud, où se vivent les histoires du personnel de l'établissement. C'est lui le héros, sublimé par une lumière magique. C'est délicat, terriblement émouvant, superbement écrit, dur aussi, drôle quelque fois, magnifiquement interprété par Olivia Colman ( qui ferait pleurer les pierres). Elle est époustouflante, ce n'est pas la peine d'ajouter des qualificatifs, il faut aller la voir. Mais ses petits camarades de salle sont tout aussi géniaux, Micheal Ward, Toby Jones ( hyper émouvant), et même Colin Firth. Ce film est une parenthèse de mélancolie, de confusion de sentiments, de blessures à jamais ouvertes et d'amours infinies. Tous ces sentiments peut-être cicatrisés, un jour, par le cinéma. A voir obligatoirement. J'ai adoré....
Goutte d'or de Clément Cogitore (Fr) °°° 1 h 38
Karim Leklou absolument génial. Ramsès trafique à Barbès en jouant le médium mais pas en dilettante en professionnel jusqu'à rendre jaloux et agacer les autres médiums de toutes origines ( la séance est savoureuse). Mais la découverte d'un corps va tout changer. Clément Cogitore arrive à créer une ambiance fantastique, presque onirique en restant les pieds dans une réalité inquiétante; la bande de jeunes de Tanger qui le harcèlent est redoutable, elle fait peur, surtout qu'il est d'une passivité étonnante. Ce n'est pas du cinéma social, ni du policier, ni du fantastique c'est du Cogitore , comme dans "Ni le ciel ni la terre" un mélange magique, magnétique, ce qu'il avait déjà fait dans "Les Indes galantes" hip-hopiennes. Une vraie réussite.
