L'odeur de la mandarine

  L'odeur de la mandarine de Gilles Legrand ( Fr) °°
On plonge avec plaisir dans cette réalisation d'antan, parce que le film est sincère et très joliment mis en scène. Olivier Gourmet joue avec une tendresse infinie cet invalide de guerre qui retrouve sa virilité. Georgia Scalliet est la vraie révélation du film, lumineuse, virevoltante et d'un naturel incroyable. Pourquoi pas. 

Ni le ciel ni la terre

Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore (Fr/Bel) °°
Original, c'est ce sentiment rare qui caractérise ce film. En Afghanistan des soldats français en poste à la frontière disparaissent mystérieusement. D'abord le chien mascotte du régiment puis les hommes. Le capitaine joué par Jérémie Renier (formidable) mène l'enquête, mais une enquête sur terrain de guerre avec des choix à faire, en fin diplomate il va même pactiser avec les talibans pour comprendre. Les habitants du village voisins auront peut-être une explication à donner. La mise en scène d'une grande sobriété ajoute au malaise parce que il est là, bien palpable. Les hommes sont isolés, fragiles, les armes ne servent plus à rien au milieu de ce paysage désertique et l'angoisse apparaît et nous tient jusqu'au bout. Le surnaturel n'est pas loin mais reste aux frontières du possible.  A découvrir.

Le revizor

 Le Revizor de Nicolaï Gogol (Lucernaire) °°°
mise en scène de Ronan Rivière & Aymeline Alix
Très jolie surprise que ce Revizor. Etonnant de modernité. On y retrouve tous les travers de notre société actuelle: le décalage entre Capitale et province, la corruption, les ambitions démesurées des dirigeants. Les personnages sont tous passionnants, le gouverneur (Jean Benoit Terral excellent)  tyran en sa province tétanisé de peur et prêt à vendre sa fille ( Christelle Saez parfaite), pauvre ambitieuse éblouie par les lumières de la ville honteuse de sa condition, les conseillers hilarants de veulerie et le faux Révizor dont le jeu s'améliore tout le long de la pièce. Quiproquos, décalages, absurdité dans un monde de détournements de fonds publics, de pots de vin, de chantage, servis par une mise en scène inventive et drôle. A voir.

Le prodige

  Le prodige d'Edward Zwick (U.S)°°
Le film tient grace à la performance de Tobey Maguire qui impressionne tant dans la folie du personnage qu'était Bobby Fischer que dans son arrogance, sa maladie sa haine des communistes. La société américaine a fabriqué un monstre et cet être dérangé va se confronter à Boris Spassky lors d'un match d'anthologie en Islande ( qui est aussi le sujet du dernier livre d'Arnaldur Indridason " le duel" au point).L'Amérique va en faire une arme de guerre qui va sombrer dans la folie. Cette partie du film est intéressante , le reste est plus classique. Pourquoi pas.

Classe à part

     Classe à part de Ivan I.Tverdovsky (Russie) °°°
Décidément la Russie continue à montrer un visage laid et cruel. On suit une très jolie jeune fille en fauteuil roulant qui entre enfin, après plusieurs années d'étude à la maison, dans une classe spécialisée et qui se trouve des camarades et un fiancé . Seulement voilà, l'équipe pédagogique est à une année lumière de sa réalité et se montre d'une cruauté sans nom. Ses amis, pas si gentils que ça, par jalousie ou bêtise lui feront vivre l'enfer à l'image de leur passe-temps: s'allonger sur les voies de chemin de fer lors de son passage. Glaçant, réaliste et désespéré. A voir.

La vie en grand

 La vie en grand de Mathieu Vadepied (Fr) °
On aimerait croire à cette histoire mais Vadepied pousse le bouchon un peu loin. Deux gamins qui dealent des quantités hallucinantes de drogue sans presqu'aucune difficulté, qui occupent leur collège la nuit sans problème, qui scolairement sont nuls et d'un seul coup deviennent de bons élèves ! L'optimisme c'est beau mais quand même. Reste Guillaume Gouix toujours aussi sympathique et crédible. Bof.

Alex Vizorek

 Alex Vizorek ( Studio des Champs Elysées) °°°
Notre ami belge, compagnon de radio de Charline nous éclate en nous plongeant dans l'Art. Il décortique avec brio quelques tableaux, quelques mouvements: il le peut puisque nous dit-il " Il est une oeuvre d'art". C'est un peu l'esprit de Chris Esquerre, ou jean Jacques Vannier. Le spectacle est très bien écrit, rythmé, varié. Il essaie d'éveiller notre curiosité en posant les vraies questions. Pourquoi être un cymbaliste ? Pourquoi regarder "Mort à Venise" ? etc... Brillant, intelligent et très drôle. A voir absolument.

Agents très spéciaux code U.N.C.L.E

Agents très spéciaux code U.N.C.L.E de Guy Ritchie (U.S) °°
Amusant mais pas indispensable. De toutes les façons ce film de Ritchie est bien meilleur que MI 5 encensé par la critique. Il a pris le parti pris du vintage avec l'humour qui va avec. Pas de surenchère mais c'est rythmé, bien joué et crédible. Que demander de plus. Pourquoi pas ! 

Marguerite

 Marguerite de Xavier Giannoli (Fr) °°°°
Xavier Giannoli filme les êtres décalés, qui s'inventent une vie autre ( A l'origine), où qui sont plongés dans l'absurde (Superstar), ils sont confrontés à leur fantasme tout en essayant de se justifier, d'apparaître sous un jour moins moche. Ici Marguerite baronne qui chante faux, mais qui l'ignore, est entourée de gens qui vont lui fabriquer, par amour, pitié ou intérêt une vie de mensonge. Marguerite c'est d'abord Catherine Frot qui tient là son meilleur rôle, celui qui restera, elle est prodigieuse, jamais ridicule, émouvante, drôle, parce que sincère affrontant la bassesse et la médiocrité avec une candeur désarmante. Mais c'est aussi  André Marcon qui l'aime, qui souffre de sa lubie et qui fuit par lâcheté amoureuse et enfin Michel Fau professeur grande folle avec une cour digne La Monstrueuse Parade de Tod Browning mais qui n'est pas le salaud présumé.( Le regard du maître découvrant pour la première fois les talents de la chanteuse est un moment d'anthologie) Reste le serviteur Madelbos (Denis Mpunga) qui semble être le seul à la respecter mais son attitude demeure ambiguë jusqu'à la scène finale: la protège-t-il ou assure t-il son avenir pécuniaire ? L'univers des années folles est merveilleusement reconstituée sans ajouts inutiles, les dialogues parfaits, des références discrètes à d'autres grands films, en clins d'œil, l'intelligence de ne jamais ridiculiser son personnage. On rit souvent, de bon cœur on est ému tout aussi souvent. On gardera des images fortes et retiendrons la délicatesse du réalisateur, celle du concert notamment qui nous offre un pur moment de bonheur avec la voix cristalline  de l'artiste pour quelques secondes. Admirable.