jeudi 13 juillet 2023

Les herbes sèches

 

Les herbes sèches de Nuri Blige Ceylan (Tur/Fr/All/Suè) °°°° 3 h 17


Des fois il faut suivre son instinct. J'avais quitté la salle de "Winter Sleep" un précédant film de Ceylan, palme d'or à Cannes, pétrifié d'ennui, et hésitait bien sûr à subir encore une purge de trois heures dix-sept. Bien mal m'en aurait pris, ce film est magnifique. Pourtant il se passe dans un tout petit village enneigé d'Anatolie, isolé aussi aimable qu'une cellule de prison. Ici, les gens sont avides de ragots, épient et dénoncent leurs voisins. Il y a un semblant de bistro et encore. Samet et Kenan sont professeurs, amoureux de la même femme Nuray (Merve Dizdar prix d'interprétation à cannes) et empêtrés dans les problèmes habituels d'accusation d'attouchements de la part d'élèves dont l'une a un comportement qui trouble Samet qui n'est pas non plus tout net, lui qui ne pense qu'à sa mutation pour Istamboul. Nuray a échappé à un attentat, a une prothèse, militante, et croit toujours à l'action. Toujours en huis clos, nos trois protagonistes vont jouer de leur ennui, de leur désirs, de leur lâcheté, de leur méchanceté, de leur amour, dans des palabres  passionnantes et des balades salvatrices jusqu'au dégel, mauvais temps, aussitôt remplacé par un autre, un soleil brûlant qui sèche tout en un moment. Finalement cela ressemble à un "thriller d'intimité" très tchekhovien, une fresque du quotidien très sèche comme sont les herbes l'été mais très émouvante. A découvrir.

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