mercredi 29 novembre 2017

12 jours


12 jours de Raymond Depardon (Fr) °°° 1 h 27
Hospitalisés contre leur gré, Depardon filme ces malades face aux juges qui doivent décider s'ils peuvent sortir. Ils sont tous porteurs de pathologie lourde qu'ils ne soupçonnent à peine. De temps en temps ils ont une minute de lucidité et puis retombent en mal-être. 12 jours c'est le délai maximal pour ordonner la prolongation des séjours devant le juge. Celui-ci qui n'est pas médecin suit généralement les décisions des psys ou docteurs qui ont affaire aux patients. De toutes ces rencontres ressortent des émotions diverses: une violence sourde, de l’incompréhension, des lapsus, la schizophrénie qui m'est mal à l'aise, quelque fois de l'humour souvent involontaire, de l'absurde, bref beaucoup de souffrance. Il filme en toute simplicité, sans parti pris. Du coup, l'on voit toutes les failles et tout le travail difficile des juges. Un film important.

mardi 28 novembre 2017

Thelma


Thelma de Joachim Trier (Norvège) °°° 1 h 56
Trier change d'univers et pour ma part j'en suis ravi. Un film qui lie le fantastique et les non-dits, la religion, la famille avec tous ses tabous, le passé trouble. C'est la bonne idée du film à la fois simple, une jeune fille tombe amoureuse d'une camarade de lycée et ne contrôle plus ses émotions, et complexe parce que jouant sur les craintes, les culpabilités. Le réalisateur nous donne plusieurs pistes possibles, on ne sait plus quoi penser. Il nous balade pour notre plus grand plaisir même si la réalisation est loin, très loin du film de teen-agers américain. Tout est feutré, bleuté. Quels sont les rôles du père, de la mère, de la grand-mère ? Étrange, sensuel et captivant et très bien interprété par la séduisante Eili Harboe. A découvrir.

samedi 25 novembre 2017

Marvin


Marvin ou la belle éducation d'Anne Fontaine (Fr) °° 1 h 53
On a connu Anne Fontaine plus inspirée. Si l'histoire est souvent émouvante grâce surtout à Jules Porier et Vincent Macaigne elle traîne quand même beaucoup de clichés. Le monde de Charles Berling parait artificiel et celui des "Deschiens" ressemble à "Affreux, sales et méchants" d'Etore Scola. Grégory Gadebois par contre compose un personnage à la fois détestable et fragile très intéressant. Mais cette métamorphose de Marvin doit être vue parce que porteuse d'espoir et pour certains remuera des souvenirs souvent douloureux mais initiatiques. A découvrir.

L'expérience interdite


L'expérience interdite de Niels Arden Oplev (U.S) ¤ 1 h 50
Rien. Voilà résumé en un mot le film. Cette bande d'étudiants qui provoque la mort pour "voir" ce qu'il y a après est d'une bêtise sans nom. La mise en scène est plate, aucune idée, aucune émotion. L'expérience de mort imminente c'est le spectateur qui la vit devant ce vide sidéral. Allez donc voir " la lune de Jupiter" ou économisez vos euros.

mercredi 22 novembre 2017

Mon ange


Mon ange d'Henry Naylor, mise en scène de Jérémie Lippmann ( Tristan Bernard) °°°
L'ange de Kobané aurait été tuée en défendant sa ville. Cette jeune kurde paysanne ( Lina El Arabi électrique) monologue dans un décors énigmatique, avec un jeu de lumière extrêmement riche et primordial pour la mise en scène d'une grande sobriété. On peut, on doit fermer les yeux pour savourer ce texte fort. Ses rêves de liberté pour cette fille éduquée vont s'évanouir et elle deviendra un sniper redoutable. C'est une véritable performance que Lina nous livre là, même sa voix devient une sorte de musique étrange. Je garderai mes réserves parce qu'hier j'étais très fatigué pour vous délivrer un avis objectif. De toutes les façons c'est une pièce à voir, ne serait-ce que pour découvrir Lina El Arabi si vous n'avez pas vu "Noces".

La lune de Jupiter


La lune de Jupiter de Kornèl Mundruczo ( Hongrie-All) °°°2 h 03
Aryan est un clandestin syrien. Il essaie de passer la frontière hongroise avec son père. Tous les deux sont tués, mais le fils se réveille fort d'un super pouvoir. Il vole tel un ange et exécute les vœux. Un chirurgien véreux va le prendre malheureusement en main. C'est un film magnifique, différent, politique, courageux quand on voit où en est la Hongrie de nos jours, surtout face au migrants et à sa politique violente envers eux. On se rappelle du déjà formidable "White god", et bien  Mundruczo continue ses propositions de cinéma incroyables, il ose tout, c'est un virtuose mais surtout il reste dans la générosité, il croit encore à l'humanité. On est évidemment très loin des machines américaines. Chapeau ! Osez vous aussi le super pouvoir hongrois.

Le semeur


Le semeur de Marine Francen (Fr)°° 1 h 40
Très jolie chronique rurale. En 1852, après le coup d'état de Napoléon III tous les hommes d'un village sont déportés ou exécutés. Les femmes se retrouvent seules, s'organisent, travaillent aux champs comme au foyer. Un jour au lavoir, elles décident que si un homme même inconnu venait à passer et à s'installer il serait à toutes. Un mystérieux et beau Jean (Alban Lenoir) débarque ... L'une est amoureuse, les autres la jalousent. Film trop sage et pas assez sensuel malgré la beauté des actrices. Images un peu trop parfaites mais c'est un premier film audacieux qu'on regarde avec un vrai plaisir.

dimanche 19 novembre 2017

Maryline


Maryline de Guillaume Gallienne (Fr)° 1 h 47
C'est un film qu'on a envie d'aimer mais il est si bizarrement construit qu'on reste extérieur. Il faut déjà une bonne heure pour s'intéresser à cette jeune femme qui n'est jamais là où il faut. D'une passivité sans nom, son rêve, devenir comédienne, on n'y croit pas une seule seconde. Et pourtant dès le début les gens sont là pour lui proposer des emplois qu'elle refuse de bien faire ( à l'usine, on le comprend mais sur un plateau). Puis arrive Vanessa Paradis qui nous réveille un peu tout ça, avec un phrasé à la Jeanne Moreau mais très vite elle disparaît, remplacé par Eric Ruf. On ne sait pas pourquoi ils s'intéressent à cette jeune femme qui a tout d'une tête à claque jusqu'à la pirouette théâtrale finale très réussie. (Où il se passe enfin quelque chose). Je ne sais pas trop quoi en penser vraiment. Faites-vous une idée.

samedi 18 novembre 2017

Happy birthdead


Happy birthdead de Christopher Landon (U.S) °° 1 h 37
"Un jour sans fin" chez "Çà " Un slasher movie assez drôle, bien ficelé qui entraîne une jeune étudiante odieuse dans une boucle temporelle. Elle revit sa dernière journée avant son assassinat sans fin, retrouve les mêmes intervenants qu'elle traite selon son humeur. Parodie sans prétention pour passer un bon moment. Plaisant.

vendredi 17 novembre 2017

Prendre le large


Prendre le large de Gaël Morel (Fr) °°° 1 h 43
Telle la fourmi obstinée Sandrine Bonnaire, magnifique, s'accroche à son travail. Elle refuse les indemnités qu'on lui propose pour garder au Maroc son poste délocalisé. On sait que l'aventure va être périlleuse voire impossible mais on tente d'y croire comme Edith qui n'a plus rien à perdre. Une dernière visite à un fils aussi égoïste que beau garçon et elle part. Tout va aller de mal en pis mais elle va se recréer une nouvelle famille pour un nouveau départ. Bonnaire excelle dans la générosité, la justesse, le courage, l'abnégation, c'est un superbe rôle que lui offre Gaël Morel pour un film sans doute improbable mais qui fait du bien même dans la douleur parce que plein d'espoir.

jeudi 16 novembre 2017

Le musée des merveilles


Le musée des merveilles de Todd Haynes (U.S) °°° 1 h 57
Deux enfants, deux mêmes destins qui s'entrecroisent. Ce film est une fable émouvante à deux époques distantes d'une cinquantaine d'années. Loin de "Carol" qui avait séduit beaucoup de gens mais qui m'avait laissé froid Todd Haynes signe ici  un récit d'enfance tout en s'adressant à des adultes. Le résultat est étonnant et très réussi. Les époques s'enchaînent sans discontinuité et l'on est sous le charme malgré un début un peu poussif. Tiré d'un roman de Brian Selznick (Hugo Cabret) il s'amuse avec le fait que les enfants sont sourds et nous obligent souvent au silence, à vivre ce silence comme le font les deux héros attachants et émouvants. Leurs arrivées à New York, excepté un vol à la tire est vécue comme une délivrance, un nouveau départ. Et l'on est ravi de visiter tous les recoins vrais ou fantasmés des musées de la grande pomme. Un vrai plaisir. Laissez vous séduire par cet objet différent des autres films pour ados.

mercredi 15 novembre 2017

Jalouse


Jalouse de David & Stéphane Foenkinos (Fr) °° 1 h 42
Karine Viard, comme d'habitude excellente, fait sa crise de la cinquantaine. Elle a tout pour être heureuse: une fille danseuse magnifique, un boulot qui l'épanouit, des amis sympas. Bon il lui manque un amant, mais quand il arrive, elle le pourrit grave. Elle se met à être jalouse de tout le monde: de sa fille, de son ex, de sa collègue trop jeune, trop belle, de son amie trop sage. Elle n'est pas que jalouse, elle est méchante, aigrie jusqu'à se fâcher avec tous. Perdue et agressive. C'est un festival Viard, d'odieuse, elle devient pathétique, puis touchante. Les dernières scènes sont très réussies et ne tombent pas dans la facilité, elles ouvrent vers un avenir plus serein. A voir. 

mardi 14 novembre 2017

Jeannette


Jeannette de Bruno Dumont (Fr) ¤ 1 h 50
Alors là, les bras m'en tombent ! "Le petit quinquin" c'était limite, "Ma loute" horripilant mais bon, les goûts et les couleurs... mais" Cette enfance de Jeanne d'Arc" est sans doute fait pour voir jusqu'où les critiques béats devant Dumont accepteront la limite à franchir. C'est une plaisanterie radicale, une grosse farce ridicule; il n'y a aucune audace, aucun cinéma juste le caprice d'un réalisateur qui a la "carte". On n'est pas dérouté juste triste, comme quand on est pris pour des crétins...

A beautiful day


A beautiful day de Lynne Ramsay (G.B) ¤ 1 h 35
Mais qu'avait fumé les jury du festival de cannes pour palmer " The square", donner le prix du scénario à un film qui n'en a pas et en plus un prix d'interprétation à Joaquin Phoenix qui traverse le film, marteau en main, avec une seule expression frappant à qui mieux mieux tout ce qu'il croise. C'est tout ce que je déteste: prétentieux et vain. Tout doit être glauque, sombre, abscons. Si Jo, qui s'est fait tabasser doit s'arracher une dent qui lui fait mal, il ne le fera pas dans sa salle de bain, non, mais dans une impasse suintante de pisse avec une tenaille ! Et tout est à l'avenant . Bref circulez, y a rien à voir.

dimanche 12 novembre 2017

La flûte enchantée


La flûte enchantée de W.A Mozart (Opéra comique) de Barrie Kosky & Suzanne Andrade sous la direction de Kevin John Edusei °°°
Quand le mélange du spectacle vivant et la vidéo fonctionne à merveille. On est sous le charme dès les premières scènes, fascinés par l'imagination délirante des auteurs. Quelle belle idée de transposer cette histoire dans le monde de Méliès, du cinéma muet, cela permet toutes les fantaisies, évitent grâce aux panneaux les explications introductives ennuyeuses. On est dans le visuel, dans le cabaret, dans la bande dessinée, la vaudeville, le music-hall et quelques fois des grands peintres. On reconnaît Buster Keaton, Louise Brooks (Pamina formidable), Nosferatu de Murnau (Monostatos) et même Tintin ... C'est poétique, drôle, surréaliste, magique donc souvent assez émouvant. L'interprétation générale est fabuleuse. On en sort des images plein la tête et avec une envie folle de chanter." Pa, pa, pa, pa, ..."

mercredi 8 novembre 2017

Tout nous sépare


Tout nous sépare de Thierry Klifa (Fr) ° 1 h 38
Et rien ne nous séduit. L'histoire est tellement croquignolesque qu'on s'ennuie de suite. On ne croit en rien et ni en personne. (Pardon Catherine je t'aime toujours). Le dialogue est affligeant. La réalisation mollassonne. Il y a deux trois moments à sauver où enfin quelque chose passe entre Deneuve et Nekfeu, mais pas plus. Mais à vous de voir.

Le Tartuffe


Le Tartuffe de Molière mise en scène Michel Fau (Porte St Martin) °°
Tout d'abord le décors étonne et séduit, comme un théâtre d'enfant géant en papier. Les costumes de Christian Lacroix épousent parfaitement l'ambiance. Et le spectacle commence. C'est un festival Christine Murillo. Elle sauve tout, car de mise en scène , il n'y en a pas beaucoup. Tout cela est figé, empesé à l'image de Michel Bouquet 91 ans qui fait ce qu'il peut, qui avance à petits pas comptés et qui souvent arrive à être incroyablement émouvant, peut-être parce qu'on craint à tout moment, le trou, la fatigue. Pour moi, c'est assez éprouvant. Michel Fau assume son côté baroque, kitsch mais c'est le texte toujours aussi prodigieux qui emporte l'intérêt. Par contre les "petits rôles"( même s'il n'y en a pas au théâtre) sont vraiment faiblards, voire pas très bons. C'est un mélange de classicisme et d'audace qui ne vont pas ensemble, le tout sans trop de rythme. A vous de juger.... 

dimanche 5 novembre 2017

Braguino


Braguino de Clément Cogitore (Fr) ¤ 50 mn
50  minutes qui paraissent des siècles. Si l'auteur ne prenait pas la précaution de nous expliquer le contexte on n'y comprendrait rien, déjà que ... On voit des enfants qui jouent au bord d'une rivière entourés de moustiques, une chasse à l'ours, son dépeçage. Les Braguine détestent les kiline. Bon et alors ? Ils deviennent paranos et puis ? Du grand n’importe quoi. Revoyez "Ni le ciel, ni la terre du même Cogitore une petite merveille. Circulez il n'y a rien à voir.

vendredi 3 novembre 2017

Carré 35


Carré 35 d'Eric Caravaca (Fr) °°° 1 h 07
Quand l'intime devient l'intérêt de tous. Cette histoire de famille, ce secret longtemps caché, chacun en a un dans sa propre famille. Et cette quête de la vérité chacun, un jour la fera. A sa façon, à son rythme. Eric Caravaca apprend l’existence d'une sœur morte à trois ans et dont il ne sait rien. Aucune image, comme si on avait voulu volontairement effacer le souvenir. Pourquoi ? Ce documentaire sensible, loin de tout règlement de compte remonte le temps, fait parler les acteurs du drame, essaie de démêler le vrai du déni. Et c'est passionnant, douloureux, surtout quand il pousse sa maman à ne plus escamoter la vérité. Mais tout est fait avec une infinie douceur comme la voix du narrateur. Émouvant.

Le fidèle


Le fidèle de Michaël R.Roskam (Bel/Fr) ° 2 h 10
Où est passée la virtuosité de l'auteur de "Bulhead"? Ce film d'amour interminable n'est pas autre chose qu'un petit thriller qu'on regarde avec ennui au début puis avec plus d'intérêt parce que sauvé par l'interprétation de Schoenaerts et Exarchopoulos. Si vous aimez les films de braquages en étant très indulgent. Bof.

jeudi 2 novembre 2017

Mise à mort du cerf sacré


Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos (U.S/ Grèce) °° 2 h 01
C'est un film pas tout à fait convaincant et pourtant fascinant. Dès le début l'angoisse est là. Cette famille idéale, père chirurgien du cœur, mère ophtalmo, enfant brillants vivent dans une villa aussi somptueuse que froide. Toutes les actions, les dialogues sont comme robotisés et créent un humour noir assez réussi et puis quand l'adolescent entre en scène, on passe par toutes les interrogations: transfert vers un référent adulte, plus ? chantage pour quelque chose qu'on ignore encore ? Le fantastique s'invite, alors pour exécuter une vengeance calculée. Étrange et inquiétant. pourquoi pas .