Le dernier loup

       Le dernier loup de Jean-Jacques Annaud (Fr / Chine) °°°
J.J Annaud, en adaptant "Le totem du loup", signe une fable écologique magnifique dans les steppes mongoles. Bien sûr, le propos est un peu naïf, mais le résultat est spectaculaire. Les scènes d'attaques de nuit sont une prouesse hallucinante. Il a tourné avec 200 chevaux, 25 loups et des petites chèvres. Les deux "tableaux" d'animaux pris dans les glaces sont tout simplement d'une incroyable beauté. Il écorche gentiment le communisme d'antan, cela fait un peu cliché mais ce n'est pas bien grave, vu le plaisir qu'on y prend. Le livre n'offrait peut-être pas plus à dire ( je ne l'ai pas lu). A voir de toutes les façons. 

Le projet Almanac

 Le projet Almanac de Dean Israelite (U.S) °
Pas grand chose à dire, le thème toujours passionnant, parce que sujet à une imagination débordante fait ici du surplace. Pendant une heure on fabrique, boulon par boulon, la machine à voyager dans le temps - on frôle l'endormissement fatal - puis le film s'anime un peu mais sans convaincre. Allez , passez votre chemin. 

Bis

   Bis de Dominique Farrugia (Fr) °
Rien de bien nouveau dans ce retour en 1986. Le début du film est assez laborieux mais petit à petit le charme opère grâce aux comédiens en pleine forme, aux détails d'époque, la musique, les pubs, les objets bien reconstitués et aux expressions déjà obsolètes. Mais ce sont les clins-d'œil qui fonctionnent le mieux: les Chtis, l'audition chez Barclay, Zizou, Guetta ... Une mention spéciale pour Gérard Darmon parfait. Si vous n'êtes pas super exigeants.

Hungry hearts

 Hungry Hearts de Saverio Costanzo (Italie) °°
Le début du film m'a agacé, pas trop la scène où nos deux héros sont coincés dans les toilettes d'un restaurant chinois qui sert de rencontre, mais la suite: les premiers jours dans New York, le mariage, l'air benêt de ce grand échalas ajouté aux sourires mièvres de sa femme, l'arrivée du bébé et puis ....  tout bascule et là s'installe une angoisse qui ne vous quittera plus, une peur physique qui vous tord les boyaux. L'enfer est cet appartement, la victime ce pauvre enfant . On ne saura pas jusqu'à très tard, s'il va se sortir des pattes de ces deux étudiants attardés transformés en bourreaux. C'est très fort. A découvrir.

Red army

 Red army de Gabe Polsky (U.S) °°
Ce documentaire est un vrai film d'action, d'espionnage même. La vie de Slava Fetisov est un roman. Piégé dans la machine à fabriquer des héros soviétiques, d'abord consentant, actif militant surdoué, puis septique participant et enfin victime bâillonnée. Le Slava d'aujourd'hui n'est pas très sympathique, en interview en tout cas, mais vu ce qu'il a vécu, ceci explique sans doute cela. Sa lutte contre le politic-buro  est passionnante, son passage aux states, triste sans surprise, l'individualisme est toujours dure à accepter et son retour comme ministre de Poutine prévisible, vu le caractère du bonhomme: le syndrome "oiseau bariolé" de Kosinski. 

Réalité

  Réalité de Quentin Dupieux ( Fr) °°
Complètement dézingué mais savoureux, voilà en résumé le film non résumable de Dupieux. Très accessible, contrairement aux précédents, même si à la fin tout ou rien n'est possible. On suit avec plaisir ce rêve non-rêvé ou cette vie réelle rêvée. Vous suivez toujours? Non, Ce n'est pas grave, entrez dans l'histoire et laissez-vous porter par un Chabat caméraman hurleur, un Lambert producteur malade et d'autres personnages improbables. A découvrir.

Rollin

Le professeur Rolin se rebiffe ( L'Européen) °°°°
"Je ne veux pas laisser le monopole de la critique de la bien-pensance à des personnes comme Zemmour ou Dieudonné ou à des partis politiques comme le Front national qui n'ont pas ma sympathie", résume-t-il. Pour illustrer son propos, il dit: "je n'ai ni envie de Manif pour tous, ni envie de me prosterner devant la Gay Pride". Il ne veut être "ni mou, ni violent"; refuse le statut de comique de service et revendique le droit pour un artiste de mettre sur la table des sujets considérés comme casse-gueule, écrit Sandrine Blanchard lors d'une interview. Et c'est vrai que l'on ressent ce malaise sur l'immigration par exemple. Ceci dit , c'est génial. On rit vraiment aux textes hyper travaillés, magnifiquement écrits. Notre professeur continue de répondre aux questions existentielles de la semaine. C'est sûr que la bien-pensance nous emmerde et nous freine souvent. Jouissif et indispensable, quel talent !

American sniper

American sniper de Clint Eastwood (U.S) °
C'est un film de pure propagande à la gloire des braves soldats américains sauveurs du monde. A aucun moment on ne parle du pourquoi de la guerre, on n'entraperçoit un chouïa d'un point de vue irakien, non, c'est du lourd, du bien burné. Et c'est assez pervers parce qu'à chaque fois que le héros revient à la maison, on nous le montre doutant, autiste, traumatisé mais il repart presque la fleur au fusil. Certains seconds rôles esquissent un semblant de doute ( le frère, la femme) mais sans doute pour donner bonne conscience. Du reste, la réalisation et l'interprétation sont bonnes mais ça n'a rien à voir avec l'argumentation. Qu'en penserez-vous?

Félix et Meira

 Félix et Meira de Maxime Giroux ( Canada) °°
Deux êtres malheureux. Elle, cloitrée dans un appartement avec ses rites, ses règles, ses lois, étouffe sous le poids des traditions juives; son mari, suit son chemin, tout tracé sans comprendre qu'elle se noie. Lui, vient de perdre son père, a vécu de la solitude qu'offre la bourgeoisie et se raccroche à ce qu'il peut. Ils vont se croiser, se déstabiliser, peut-être s'aimer mais pour quel avenir ? C'est la réussite du film: ne parler que d'incertitude, celle du présent et surtout celle de futur. A découvrir.

Kingsman

  Kingsman de Matthew Vaughn ( U.S) °°°
Jubilatoire. C'est une sorte de James Bond pour ados mais avec l'humour en plus, le même que dans Indiana Jones. Un bond qui pioche des références dans d'autres films ( Samuel L.Jackson zozotant et effrayé par le sang est hilarant) mais qui sait aussi se lâcher (certaines scènes sont carrément "amazing": dans l'église, où la petite réunion qui finit en lâcher de têtes-feux-d'artifices) ce qui contraste d'autant plus avec les prestations très britishs de Colin Firth, et Michael Caine. Beaucoup de trouvailles, de clins d'œil et un dialogue très travaillé. Puis j'adore Mark Strong et le petit nouveau ( Taron Egerton) est assez sympathique. Un très bon moment.

Vincent n'a pas d'écailles

 Vincent n'a pas d'écailles de Thomas Salvador ( Fr) °
Thomas Salvador n'a strictement rien à raconter. Il part d'une idée marrante et va nulle part. Cette heure 18 m'a paru un siècle. Certes il y a deux, trois moments poético-amusants mais c'est tout. les acteurs ont l'air un peu de se demander ce qu'ils font là, nous aussi d'ailleurs. Seule l'affiche est vraiment jolie. A éviter.