Hannah Arendt de Margarethe Von trotta ( All / Fr) °
Comme souvent, ces derniers temps au cinéma, le film devient intéressant à la presque toute fin,   quand Hannah défend devant ses étudiants sa démarche, ses idées  "des coupables non responsables" d'Eichmann et des autres monstres de la deuxième guerre mondiale, appliquant à la lettre les ordres des supérieurs, personne ne portant la responsabilité du crime lui-même. Par contre, si on ne connaît pas l'histoire de l'auteure "Des origines du totalitarisme "et de l'aura intellectuelle qu'elle représente à cette époque, ce que ne montre pas le film, on reste un peu en dehors, ne comprenant pas la "bombe" que dénonce le la "banalité du mal" et la passivité devant l'horreur. Les images d'archives , en noir et blanc, passionnantes en elles-mêmes, cassent le récit. Il y a trop de scènes en dehors du sujet, avec le mari, les amis, les flash-back avec Heidegger. Honnête. 

 The land of hope de Sion Sono ( japon / G.B / Taïwan) °°
Après Fukushima, Sion Sono imagine une autre catastrophe nucléaire due à un autre phénomène naturel. Un village est divisé en deux par une frontière absurde, ceux de droite peuvent rester, ceux de gauche sont transportés dans des refuges. Des familles, des voisinages sont séparés . Seul reste un vieux couple dont la femme est Alzheimer et dont on suit les rapports tout de tendresse et  ceux avec leur fils qui a du partir. Il y a beaucoup d'émotion et pourtant malgré quelques scènes vraiment touchantes on reste un peu en dehors de cette histoire. C'est trop long, il aurait pu supprimer plusieurs personnages qui n'apportent rien et alourdissent le récit.

William Sheller ( Folies Bergères ) °°°
Très beau concert , sobre, respectueux du public et où l'on découvre un William Sheller très drôle. Entre chaque chanson il raconte, se raconte avec un humour irrésistible. Il est accompagné par un quatuor belge excellent. Et puis la salle des "folies" reste un lieu magnifique qui ajoute au charme de la soirée. Il choisit aussi quelques textes moins connus pour titiller notre curiosité et des standards pour satisfaire la salle déjà conquise.  Et enfin un artiste qui répond aux rappels chaleureux comme au bon vieux temps de" Barbara" sans regarder sa montre pour signifier qu'il est temps de se quitter. Merci M. Sheller !

 Les 2 G, artistes de music-hall. ( Théâtre du petit St-Martin) °°°
C'est tout ce que j'aime ! L'histoire de deux folles qui racontent en chansons un autre temps, celui d'Ouvrard, Suzy Solidor,  Félix Mayol. Même si c'est souvent cru, toujours à la limite du bon goût, c'est hilarant. Denis d'Arcangelo  est irrésistible, magnifique. Je l'adore. Cette façon de parler au public, complice, jamais arrogant, charmant et charmeur. Et Jean-Luc Revol se révèle excellent comédien! On passe une soirée vraiment sympa et merde aux pisse-froids !
 DENIS D'ARCANGELO . une perle.
 

 La cage dorée de Ruben Alves ( Fr / Por) °°
Bien sûr Pierre Murat ( Télérama)  nous dira que ce n'est pas du cinéma et pourtant quel plaisir que de regarder ce film !  C'est un méga-cliché qui joue sur celui du Portugal mais tout en finesse. Il parle surtout du déracinement, de valeurs - ce qui n'est plus très courant de nos jours- d'amours et d'amitiés. Casting impeccable, pour incarner des gens en apparence sans éclats, souvent humiliés ou exploités mais qui sont bienveillants et qui aspirent à le rester. C'est plaisant avec des pointes d'émotions ( le regard échangé dans la cage d'escalier entre Alex Alves Pereira ( le fils) et Rita Blanco ( la mère) est poignant. A découvrir...

 Promised land de Gus van Sant ( U.S) °°
Gus Van Sant filme d'une façon ultra classique l'histoire d'un village aux prises avec des commerciaux qui vont les rouler dans la farine à propos de gaz de schiste . Tous les moyens sont bons pour arriver à leur fin. Arrive un écolo qui compliquera un peu leur tâche jusqu'à la prise inévitable de conscience du héros. C'est l'Amérique rurale, sage et traditionnelle sans être trop cultéreuse. On s'attache assez aux protagonistes, il y a un vrai débat sur l'argent, les risques sanitaires. A voir.

 Les âmes vagabondes d 'Andrew Niccol ( U.S) °
Même un bon réalisateur - Andrew Niccol a quand même fabriqué " Bienvenue à Gattaca"  - ne peut rien contre la nullité d'un roman. Après un début risible, le film reste au niveau des pâquerettes . C'est de la science fiction pour adolescents, il n'y a pas une seule idée originale. A éviter. 

 The grandmaster de Wong Kar-Waï (Chine) °
Qui se passionnera pour ce film sur la vie d'Ip man , l'initiateur de Bruce Lee ? Long, très long. Et plus qu'ennuyeux, des combats très bien filmés soit, mais qui laissent un sentiment de vide prodigieux. C'est répétitif, mal construit, à peine raconté. Bref je ne pourrai pas vous dévoiler la fin, je ne l'ai pas vue.

 Derrière la colline d' Emin Alper ( Tur / Gre) °°
Comment transformer un paisible coin de Turquie en lieu de règlements de compte absurdes. Un défit, deux mensonges et l'enfer se distille . Folie, manipulation , et la naïveté de notre patriarche paysan turc se transforme en vengeance; A qui profite tout ça ? à personne. L'homme est fait de ce bois là , il sait magnifiquement détruire ses paradis, pour rien , juste pour voir. Et tant pis, si la mort finit toujours par gagner la partie. Il faut  découvrir ce film à l'ambiance particulière, on s'attend toujours au pire, grâce à une mise en scène astucieuse ( bruits, chuchotis ) souvent entre rêve et réalité .

 Pieta de Kim Ki Duk ( Sud Coréen) °
Lion d'or à Venise ! Il n'y avait pas d'autres film en compétition ? Après un début ridicule - une femme prétend être la mère d'un jeune homme abandonné petit, devenu recouvreur aux méthodes radicales, bref une histoire à l' Almodovar sans humour - mais pleine de scènes de tortures assez insupportables, ce film glisse doucement vers des rapports beaucoup plus intéressants mère-fils qui rendent la fin assez réussie. C'était là le sujet du film et le savoir-faire de Kim Ki Duk ( Locataires; Une île; Printemps,été, automne, hiver et printemps ...) en aurait fait un très bon film digne de sa récompense. Trop dommage !

 Les voisins de Dieu de Meni Yaesh  (Fr/Isr) °
Trois juifs pratiquants se sont autoproclamés les Zorro du quartier. Ils punissent sévèrement tous les récalcitrants au shabbat. Cette intolérance religieuse est montrée d'une façon assez complaisante même si on dénonce le côté odieux des personnages . Ils fument (du shit), ils boivent, ils jugent la longueur des jupes mais ne ratent aucun sermon. Troublé par le comportement jusqu'au-boutiste de ses camarades Avi se ravisera mais seulement pour mettre une fille dans sa vie et retournera immédiatement à ses pratiques sous le regard énamouré de sa future femme. Drôle de morale finalement.
 

 Le diable dans la peau de Gilles Martinerie ( Fr) °°
Scandaleuse distribution ( une seule salle et des horaires privatifs) pour ce joli petit film qui narre les relations très difficiles d'un adolescent perturbé et de son frère, un été. Leur mère est absente , on se sait pas pourquoi, ils haïssent leur père ( toujours excellent Francis Renaud) lâche mais tellement malheureux qui traîne une tristesse inouïe. ( surtout dans la scène où il reçoit des insultes incroyables sans réagir comme anesthésié). Mais surtout le véritable personnage de ce film est le "plateau de Millevaches" superbement ciné-génique avec ses lacs, ses hameaux, Les Cars - où petit j'allais courir- ses tourbières, ses ruisseaux jusqu'au drame final qu'on sent poindre inévitablement.

 La belle endormie De Marco Bellocchio ( It) °°
Au temps Berlusconien de 2008, l'Italie se passionnait façon mariage pour tous sur le sort d'une femme plongée dans le coma, Eluana, dont le père avait demandé l'euthanasie. Défilés, manifestations s'enchaînaient. c'est la base du film,  mais je crois que celui-ci ne  parle pas vraiment de cela mais plutôt des rapports de dominations, de pouvoirs, d'influences entre les êtres et surtout de dépendances ( le rejet d'Isabelle Huppert envers son fils est incroyable, son "faux" dévouement pour sa fille, le prétexte religieux de Maria, le contrat de son fiancé passé avec son frère, le pacte amoral de Toni Servillo ( parfait) autant de relations étranges de Bellocchio aborde  . On suit plusieurs histoires dont chacune a un dominant, un dominé à sa façon. Comme le démontre cette histoire du médecin avec la jeune droguée: peut-on aider quelqu'un contre lui même ? Film passionnant mais trop dense.

 Le temps de l'aventure de Jérôme Bonnell ( Fr) °°
C'est l'histoire d'un coup de foudre, le temps d'une journée. Emmanuelle Devos joue à la perfection une adulte qui vit un bref instant un amour d'adolescente. On suit ses approches, ses hésitations, son questionnement,  son courage aussi. On se moque des étreintes, peu nombreuses. On sourit quelques fois. Jolie scène que celle du réverbère ( joli couple !). C'est une petite musique nostalgique qui charme et se languit un peu.

 Effets secondaires de Steven Soderbergh  ( U.S) °°
Cela rappelle évidemment Basic instinct . Steven Soderbergh film une histoire extrêmement alambiquée mais il sait s'arrêter juste à temps pour qu'elle reste compréhensible. On suit un quatuor : deux couples qui se mentent, se séduisent pour mieux se détruire dans le milieu du médicament ( protocoles, essais, danger des effets secondaires) . New York est joliment, simplement filmé. Dommage que le rôle que Catherine Zeta-Jones soit aussi prévisible; Tout cela est assez agréable à suivre.

 Quartet de Dustin Hoffman (G.B)°°
Sur le même thème qu'Indian Palace, avec la même Maggie Smith, Dustin Hoffman film honnêtement cette maison de retraite pour musiciens en fin de carrières. La mise en scène n'a rien d'exceptionnelle, le scenario non plus mais les dialogues sont fantastiques. Et surtout les comédiens sont prodigieux. Personnellement, Pauline Collins m'a bouleversé , elle est incroyable: sa façon de toujours sourire dans un optimisme forcené perdant en même temps la tête, accrochée à son rêve de reformer ce quatuor. Je vais fouiller sa carrière pour voir ce qu'elle a fait avant et essayer de la connaître mieux. Bien sûr tout cela est très british et dégouline sous la gelée à la menthe mais c'est ce que l'on aime dans ce genre de cinéma, non ? On y rit souvent mais la larme est prête à couler aussi .
 Pauline Collins

 La maison de la radio de Nicolas Philibert (Fr) °°°
Magnifique balade dans la maison de radio France qui pour un fidèle auditeur est tout à fait jouissive. C'est passionnant sur des petits riens ( on voit tous les employés dans leur quotidien) et puis , c'est très drôle, avec des moments magiques: l'apparition de Frédéric Lodéon derrière sa pile de C.D dont on ne voit que la tête, les journalistes qui surenchérissent sur les faits divers et on entend une petite voix off qui fait : et la jeune femme qui est morte avec un kebab, on la prend ? Un seul regret, pour un film de cinéma , ne pas parler du " masque et la plume" quel dommage!

 Perfect mothers d'Anne Fontaine ( Fr/Aust) °°
Film audacieux sans doute qui commence mollement et qui petit à petit sème des troubles dans une famille qui a tout pout être heureuse: elle habite dans un petit paradis, bercée par les vagues qui jouent un rôle récurrent . Tout le monde vit en équilibre , quand quelque chose cloche il y a autre chose qui vient immédiatement reconstruire l'ensemble. On s'intéresse surtout aux rapports entre les personnages, mère-fils, fils-fils, mère-mère, leur désirs, leur peur, leur moral. On reste entre soi, en faisant tout pour éloigner le moindre intrus quel qu'il soit (mari, prétendant, copines ...). Le film est un peu longuet mais les acteurs sont tous convaincants.

 Nicole Rieu ( Essaïon ) °°°
Magnifique concert tout en émotion, salle pleine même si elle n'est pas grande cela fait chaud au cœur de voir tous les fans présents qui chantent par cœur toutes ses chansons. Spectacle beaucoup plus "engagé" que d'habitude, des chansons de Ferré, Sheller, de Violetta  Parra complètent celles du dernier album " femmes". Chacun voulait que Nicole Rieu chante sa chanson qui lui rappelle un événement propre mais le choix est toujours difficile. Je n'ai pas eu "Avant dernier voyage", mais "le réfugier", "la mandarine" et plein d'autres. Quand on pense que certains sont venus  l'écouter plus de trente fois cette année ! Pour ma part c'était la troisième mais je fais figure de petit joueur ....