Trois jours et une vie de Nicolas Boukhrief (Fr) °°° 2 H 00
 Pierre Lemaitre scénarise joliment son roman. Le réalisateur, lui, crée une ambiance anxiogène tout le long du film, alors que l'on sait d'emblée qui le responsable de la disparition du petit Rémi. On s'intéresse aux villageois, à leur comportement face au non-dit, au chantage, au petits arrangements avec les morts. Tous les acteurs sont bons (Bonnaire, Torreton, Pablo Pauly, Charles Berling). Trois jours d'horreur et une vie à les payer. Déprimant mais passionnant.

We are family

We are family de et avec David Dos Santos (Funambules) °°°
Ce qui fait la force du seul en scène de David Dos Santos est l'absence de pathos. Ici, l'humour est toujours présent, même si le vécu est douloureux, cela n'empêche pas l'émotion. Une mise en scène sobre et l'absence de décors font que l'on se concentre sur son passé. David sait interpeller le public, use habilement des ruptures dans le récit et nous amuse constamment. Etre rejeté par sa famille est une épreuve que beaucoup d'entres nous connaissent, se construire une nouvelle famille également, aussi on se reconnaît tous en lui. Pari réussi, public conquis. Très beau one man show. A voir.

Le dindon

Le dindon de Jalil Lespert (Fr) ° 1 h 25
Mou. Le comique de Feydeau ou de Labiche tient au rythme. Cela doit pétiller, nous perdre dans les intrigues, nous ravir de bons mots, ne jamais nous lâcher. Ici tout traîne en longueur; Les acteurs ne semblent pas être dans leur emploi, ni Galliène, ni Boon, ni Sylla, ni Alice Pol, seule Laura Calamy s'en sort. A éviter. 

Port authority

Port authority de Danielle Lessovitz (U.S) °°° 1 H 42
Sensible, fort et beau. Paul est un jeune en conditionnelle. Paumé, il quitte Pittsburgh pour aller habiter chez sa sœur. Elle lui claque la porte au nez. Après une agression dans le métro il trouve refuge chez des gars pas très nets qui trafiquent sur le dos de plus malheureux encore en les expropriant. Mais il tombe amoureux de Wye sublime jeune noire adepte du voguing. Il découvre le milieu "queer". Magnifique mise en scène , entre douceur des sentiments, violences des rues, et fièvres des nuits dansées. Leyna Bloom, icône LGBT est fascinante et Fionn Whitehead, après "Roads" est l'acteur le plus intéressant de l'année. ( Je craque complètement pour son sourire triste). A voir absolument.

Palace

Palace de Jean-Michel Ribes (Théâtre de Paris) °°°°
Formidable adaptation de la célèbre émission qui faisait notre bonheur dans les années 80. l'esprit, l'humour, l'absurde, le décalé, la jouissance des mots, des situations sont les mêmes. J.M Ribes a su remplacer les Lemercier, Ronny Coutteure, Eva Darlan, Marc Dudicourt, Jacques François, Philippe Khorsand et tous les autres par une nouvelle joyeuse équipe bourrée de talents. Ils sont tous formidables, les connus et moins connus. Et les petits rôles aussi (Gwendal Marimoutou et Thibaut Orsoni en tête) Une soirée qui remonte le moral et qui vous donne la pêche....

Ceux qui travaillent

Ceux qui travaillent d'Antoine Russbach (Suisse) °°° 1 H 42
Fort. Olivier Gourmet est une fois de plus magistral dans ce film qui dénonce un capitalisme inhumain. Inhumain, il l'est. Il a donné un ordre à peine croyable et pour une fois, l'acteur nous offre un visage noir. Son rôle est indéfendable et pourtant il arrive à nous attendrir, surtout grâce à sa relation avec sa fille Mathilde. Devenu un monstre d'égoïsme, il sacrifie tout à sa boîte, ne sachant plus les valeurs des choses. Il va être viré, mais finalement pas pour les bonnes raisons. Pas d'effets de manches, ici, du concret, de la réalité jusqu'à la nausée. Un regard nouveau sur le film social. A voir .

Portrait de la jeune fille en feu

Portait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma ( Fr) °° 2 H 00
Très "joli" film qui  parle de passion mais qui curieusement dégage une froideur paradoxale. Tout est lisse, propre à l'image de cette maison où rien ne traîne, pas une poussière,ni une miette, où tous les vêtements sont immaculés . Les rapports sont distants jusqu'à très tard dans l'histoire. Mais pourtant, quelques fois ça prend, on sent les regards fuyants, les gestes qui dénoncent le désir. Terriblement classique dans la forme, et comme l'amour entre ces deux jeunes femmes n'est pas empêché en ce moment présent, ça manque de chair. A vous de voir.

Ad astra

Ad Astra de James Gray (U.S) ° 2 H 04
Autant j'avais été complètement sous le charme de "The lost city of Z", autant je suis resté en dehors de la capsule d'Ad Astra. C'est de nouveau une quête du père, cette fois direction Neptune. On vit une curieuse expérience de zénitude, comme lorsqu'on fait une séance de relaxation, avec cette voix off qui vous murmure à l'oreille et cette musique entêtante. Introspection avec Brad Pitt omniprésent. Le début pourtant, la chute le long d'antennes géantes, était spectaculaire et promettait mais plus ce voyage intérieur avance plus on s'en éloigne et plus on lutte contre la somnolence. A voir en très grande forme.

Un jour de pluie à New York

Un jour de pluie à New York de Woody Allen (U.S) ° 1 H 32
Un week-end d'amoureux qui va tourner en eau de boudin. Après une première heure un peu poussive, le film trouve du rythme en seconde. Le problème c'est que je n'arrive pas à accrocher au jeu hautain de Timothée Chamalet . C'est la troisième fois que je le vois et il m'agace profondément, mais comme tout le monde le trouve charmant, peut-être que je me fourvoie. C'est la même musique allénienne avec une idée rigolote (le rire) et du convenu. Très déçu mais j'irai voir quand même le prochain.

Anne Sylvestre

Anne Sylvsetre ( Cigale) °°° 2019
Très grand moment d'émotion à la Cigale avec la Grande Anne Sylvestre. Même si elle perd la mémoire, qu'elle a ses textes en main, elle ne s'en cache pas et s'en amuse. Mais la voix est là, forte, puissante, émouvante. Elle en joue, la module, s'en moque. Très grande complicité avec le public conquis et sa façon de chanter-parler "Ma sorcière comme les autres" m'a fait dresser les poils sur les bras. Un bel hommage à sa carrière. A partager.

An irish story

An irish story de avec Kelly Rivière (Théâtre de Belleville) °° 1 h 30
Seule-en-scène. Kelly nous raconte Peter O'Farrel, son grand-père, ou plutôt son absence en interprétant tous les personnages. Celui-ci a disparu dans les années 70. Qu'est-il devenu ? Avec obstination, elle part à sa recherche et va nous faire revivre avec émotion, humour quelques fois toute une histoire familiale marquée par l'exil. Très bonne interprétation, avec de légers petits coups de mous. a voir.

Deux moi

Deux moi de Cédric Klapish (Fr) °° 1 H 50
Entreprise tout à fait sympathique qui vaut surtout par le charme de ces deux interprètes les beaux F. Civil et  Ana Girardot. Ces deux parisiens vivent mal l'ultra moderne solitude, ils sont mal dans leur travail, leur amour, au sein de leur famille. Ils se croisent, se recroisent, habitent quasiment sur le même palier et vont pas à pas vers l'acceptation de soi en visitant soit un psy ( Berléand et Cottin), soit des réseaux sociaux ( ce qui nous permet d'apercevoir des seconds rôles savoureux dont Paul Hamy mon chouchou et Eye Haïdara). Pourquoi pas mais bon ...

Viendra le feu

Viendra le feu d'Oliver Laxe (Esp) °°° 1 H 25
J'ai eu l'impression de revenir au temps de mon enfance dans la ferme familiale de"La Curade" avec la tante Yvonne et le cousin Albert. Un film documentaire où l'on prend son temps d'accompagner les vaches à l'étable, de ramasser les légumes, d'écouter une vieille se réjouir du retour de son fils de prison pour avoir allumer un feu, servi par une image magnifique. Il ne se passe rien, si ce n'est que de s'intéresser aux petites choses qui font la vie et pourtant il y a une sorte de tension. Le début du film est splendide et la musique parfaite. Un poème d'une heure vingt

Tu mérites un amour

Tu mérites un amour d'Hafsia Herzi (Fr) °°° 1 H 39
Très joli premier film de la comédienne de" la graine et le mulet". Lila est une jeune fille paumée, malheureuse après une rupture amoureuse. Elle s'essaie à des rencontres sans lendemain en traînant une mélancolie qui fait son attrait. Audacieux, impudique même si toutes les scènes de sexe sont soft, un tantinet bancal quelque fois mais terriblement juste. Et une vraie révélation Djanis Bouzyani en copain gay d'une drôlerie impayable. Il y a des relents de Kéchiche, presque documentaire mais sans le côté voyeur, malsain. A voir.

les hirondelles de Kaboul

Les hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman & Eléa Gobbé-mévéllec (Fr) °°° 1 H 20
Très belle adaptation du livre de Yasmina Khadra ( Mohammed Moulessehoud) qui narre le destin croisé de deux couples sous le régime des talibans à Kaboul. La douceur des aquarelles contraste avec la terreur qui règne dans les rues, dans cette ville en ruine, où tout le monde a arrêté de respirer, entre lapidations et exécutions. La musique d'Alexis Rault nous rappelle que celle-ci est inexistante. L'espoir peut-il renaître de ces deux couples, l'un espérant enseigner, l'autre trouver un but à ce qu'a été leur vie ? Très beau. A voir.

L'insensible

L'insensible d'Ivan I. Tverdovsky (Russie) °°° 1 H 27
Abandonné bébé par sa très jeune mère parce qu’il avait une maladie rare, Denis,( Denis Vlasenko excellent)  va être exploité par celle-ci  devenu ado. En effet par cupidité, elle va, à l'aide de la corruption généralisée en Russie , abuser de son envie d'amour ou de reconnaissance. Film juste, dur, violent et pas seulement par le physique, après "classe à part" déjà excellent, Tverdovsky frappe fort. S'il ne ressent pas la douleur, son cœur lui souffre de ce rejet de cette mère quasi incestueuse. A voir absolument.

Music of my life

Music of my life de Gurinder Chadha (G.B) °° 1 H 57
Un film qui diffuse toutes les 10 minutes du Bruce Springsteen ne peut faire que du bien. On est assez content de suivre les pérégrinations d'un indo pakistanais qui se libère de sa famille, des traditions grâce à l'écriture et à l'écoute du boss. Après " Joue-là comme Beckham" la réalisatrice  refait un "feel-good movie sympathique. La fin seule est un peu trop too much...

Liberté

Liberté d'Albert Serra (Esp) ¤ 2 H 12
Des libertins se retrouvent dans les sous-bois pour .... on ne sait pas trop. Grotesques, tous ces personnages chassés de la cour de Louis XVI, ont un libido bien triste. Ce n'est que gémissements ridicules, attouchements débiles. Au milieu apparaît Helmut Berger comme statufié qui semble effaré de se retrouver là. Allez autant regarder un bon porno, au moins, on peut choisir ses propres fantasmes plutôt que de perdre son temps avec cette chose qui, sans doute, ne manquera pas de recueillir une critique dithyrambique. Je suis sorti au bout d'une heure, je n'étais pas le premier....

Fête de famille

Fête de famille de Cédric Khan (Fr) °° 1 h 41
Partagé , je suis. Certes tous les acteurs sont formidables entre la mère dépassée, le père effacé, le fils à côté de la plaque, celui plus rangé et la foldingue mais cette réunion de famille entre calme et crises d'hystérie ferait passer "Festen" pour du pipi de chat. A force ça fatigue un peu. Mais on est pourtant souvent sous le charme de C. Deneuve. Cédric Khan , que j'aime beaucoup, a voulu insuffler une dureté dans les rapports qui efface complètement le côté comédie et nous manipule en changeant constamment l'éclairage sur ses personnages. Intéressant mais totalement convaincant.

L’œuf dure

L’œuf dure de Rémi Lange (Fr) ¤ 1 H 53
Troisième volet du journal filmé intime de l'auteur qui tourne à la mascarade. Après 10 minutes sympas, tout le reste n'est qu'artifice gênant. Magali Le Naour-Saby et Adriano Dafy s'en sortent parce qu'ils sont vraiment bons mais tout le reste est affligeant. Il faut savoir arrêter ou bien se mettre à écrire un vrai scénario pour aborder des sujets aussi forts. Le travail souvent paye ...