Marie Stuart, reine d’Écosse

Marie Stuart, reine d'Ecosse de Josie Rourke (G.B/U.S) °° 2 H 04
La rivalité de deux cousines, toutes deux reines, entre les mains d'hommes avides de pouvoir qui les manipulent malgré leurs compétences avérées. Mise en scène classique mais solide servie par deux actrices admirables Saoirse Ronan et Margot Robbie qui confirme son talent ( que j'ai découvert dans Moi Tanya).  La réalisatrice ne noircit l’âme d'aucune des deux femmes, elle s'évertue plutôt à les rapprocher et à restituer leur destinée morbide, l'une qui enfante et meurt, l'autre qui règne sans descendance. Très belle scène de rencontre dans un lavoir au milieu de draps et tulles où se croisent la  beauté condamnée et le masque clownesque puissant.

Les éternels

Les éternels de Jia Zhang-Ke (Chine) °°° 2 H 15
Impressionnant. Pas aussi prenant qu"Au-delà des montagnes" mais magnifique quand même. Surtout toute la première partie autour du barrage des Trois-Gorges, où l'on suit un couple dans un monde de mafieux, qui évolue dans une chine en transformation. Qiao ( Zhao Tao, épouse de Zhang-ke) aime passionnément son chefaillon jusqu'à se sacrifier pour lui et passer 5 ans de prison à  sa place. A sa sortie le monde a changé comme son amant qui vit avec une autre.  Désillusion, amertume, courage et force jusqu'à la trahison finale. Dommage qu'il y est beaucoup de fins possibles, un chouïa trop long.

La chute de l'empire américain

La chute de l'empire américain de Denys Arcand (Canada) °° 2 H 09
Rien à voir avec les deux premiers volumes. Ici il s'agit d'une arnaque plaisante, peu crédible, menée par un jeune intello aux mains duquel tombe un improbable magot. L'auteur en profite pour dénoncer les magouilles des paradis fiscaux et le "tous pourris"et s'en arrange plutôt. Entreprise sympathique où l'on retrouve des comédiens d'antan Rémy Girard et Pierre Curzi. Agréable sans plus. 

Les moissonneurs

Les moissonneurs d'Etienne Kallos (Afrique du Sud/Fr/Grèce) °°° 1 H 44
Une ferme d'afrikaners perdue. Un village réglé par les lois de Dieu qu'en font une secte plus qu'un lieu de vie. Pieter, orphelin, est recueilli par une famille blanche qui implore Dieu à chaque instant. L'ado sous l'emprise de la drogue, prostitué à l'occasion, vient prendre la place de Janno un autre enfant qu vit mal la situation. Film étouffant, critique au vitriol d'une communauté recluse sur elle-même, pourtant qui évolue dans des espaces immenses aux paysages somptueux. Un premier film impressionnant.

Grâce à Dieu

Grâce à Dieu de François Ozon (Fr)°°° 2 H 17
"Grâce à Dieu , ces faits sont prescrits", ces mots malheureux , qui en font le titre, résument l'esprit du film. Dans l'univers lyonnais feutré, croyant, pratiquant, Ozon impose un docu-fiction absolument maîtrisé, à la mise en scène maligne beaucoup plus dérangeante qu'elle n'y paraît, surtout quand on sait que les acteurs existent vraiment et que le procès approche. Celui de Bernard Preynat pédosexuel  comme dirait l'église ( Bernard Verley superbe) face à ses victimes magnifiques Melvil Poupaud, Denis Ménochet, Swann Arlaud, Eric Caravaca. Construction gigogne qui diversifie les regards, qui décrit les différents univers sans être uniquement un film à charge. Puissant, nécessaire sans caricature donc d'autant plus efficace. A voir. 

La conférence des oiseaux

La conférence des oiseaux Jean-Claude carrière - Guy Pierre Couleau (Quartiers d'Ivry) °°° 1 H 30
Conte soufi du poète persan Farid Uddin Attar ( 1142-1220), récit poétique qui raconte comment des oiseaux partirent à la quête du mythique Simorg pour en faire leur roi. Épopée existentielle, découverte de soi-même. J.C Carrière a crée ce spectacle d'après la mise en scène de Peter Brook de 79 à Avignon , entrecoupé d'anecdotes. Travail sur les masques remarquable pour ce voyage intérieur avec une dimension poétique visuelle superbe. Ces migrants volatils sont aussi une évidente référence à ceux qui aujourd'hui traversent la méditerranée comme l'une des 7 vallées du poète terriblement dangereuse et vaine. Beau et émouvant.

Le chant du loup

Le chant du loup d'Antonin Baudry (Fr) °°° 1 H 55
Premier film incroyablement maîtrisé sur un sujet complètement nouveau pour le cinéma français, celui des sous-marins. Dans ce lieu clos, hyperréaliste, on suit principalement un expert acoustique ( François Civil parfait) sur qui repose le choix crucial dans l'escalade d'un conflit mondial.  Mais ce n'est pas vraiment un film de guerre mais plutôt une fiction géopolitique où l'on s’intéresse plus aux rapports entre les hommes gradés ou non, sur leur confiance, leur intuition, leurs peurs. Avec un casting hors-pair Reda Kateb, Omar Sy, Mathieu Kassovitz et ... Nadine Yvé ( lol, c'est ma copine). Suspense garanti pour un film-pari ambitieux totalement réussi.

Vice

Vice d'Adam Mckay (U.S) °°° 2 H 12
Voici décortiqué le parcours incroyable d'un vilain petit canard ( Dick Cheney méconnaissable Christian bale) devenu un cygne plus noir que noir. Adam Mckay utilise l'humour sardonique pour nous rappeler toutes les horreurs à l'actif de ce gros bonhomme de l'ombre épaulé par sa femme (Amy Adams, très bien) aussi vorace que lui. Cela fait froid dans le dos et l'on reste bouche bée devant tant d'exactions, de mensonges, de magouilles. Muet mais aussi écœuré, impuissant et mal à l'aise. On en voudrait presque au réalisateur de pointer notre passivité collective. Cet outrepasseur de fonction reste antipathique jusqu'au bout, profitant de chaque faille et détricotant tous les garde-fous de la politique américaine. Intéressant et pour ce remémorer un passé pas si lointain.

Ralph 2 / 0

Ralph 2 .0 de Rich Moore & Phil Johnston (U.S) °°° 1 H 53
Excellente suite. On retrouve notre Sympathique lourdaud toujours logé dans les anciens jeux vidéo avec sa copine. Mais ils vont voyager dans l'internet aux multiples dangers mais tellement attirant Un peu lent au démarrage le film devient très drôle avec l'arrivée des princesses Disney et quantité d'autres gags très réussis. Beaucoup de pub pour les géants du Web (sic !..) qui, je ne sais pas si c'est voulu, n’en sortent pas vraiment grandis. Très divertissant.

Les drapeaux de papier

Les drapeaux de papier de Nathan Ambrosioni (Fr) °° 1 H 43
Il a 19 ans et son premier film est déjà d'une maîtrise incroyable. Vincent ( Guillaume Gouix, toujours impeccable) sort de 12 ans de prison. Il va chez sa sœur ( Noémie Merlant) seule personne qu'il connaisse à présent. Il est de caractère violent, a du mal à contenir ses colères. Leur retrouvailles vont être houleuses mais passionnées. Sujet lourd, plombant même, magnifiquement filmé et interprété. Si vous avez la pêche, à découvrir.

La nuit des rois ou tout ce que vous voulez.

La nuit des rois ou tout ce que vous voulez. de Shakespeare ( Comédie Française) ¤
Cela se veut moderne et provocant, c'est tout simplement laid. Le décors minimaliste réussit a être moche, les costumes ridicules et hideux. Pourquoi habiller des rois, des nobles en slips sales, en nuisette , en corset, en robe de chambre répugnante? La magie, l'espace sacré sont gâchés par les interventions genre stand-up absolument déplacées et non maîtrisées. Cela fait amateur. On a l'impression que les acteurs se foutent de ce qu'ils ont à dire, comme quand Podalydès déclare pendant le jeu que la pièce est diffusée dans tous les Pathés-France. Ces références au Brexit, gilets jaunes etc... ne sont pas des clins-d’œil mais des éléments perturbateurs. Georgia Scalliet est insupportable. Mon voisin, un certain Mathieu R., voulait sortir et finalement a sombré dans un sommeil réparateur. Je sauverais Christophe Montenez, qui malgré les horreurs qu'on lui fait faire, reste émouvant, génial , dans sa loufoquerie exacerbée, ce garçon est un petit génie. Si vous en avez le cœur, c'est une expérience comme une autre.

Un coup de maître

Un coup de maître de Gastòn Duprat (Arg) °°° 1 H 41
Quel bonheur de retrouver Gastòn Duprat en pleine forme toujours aussi drôle et terriblement féroce. Pas aussi prenant que "Citoyen d'honneur" meilleur film 2017 du Daniloris mais presque. Il dénonce au vitriol le monde de l'art avec beaucoup plus de finesse que ce très faiblard "Square" palme d'or à Cannes. On suit deux compères Renzo peintre égocentriste et acariâtre et Arturo galeriste avide de sous et de reconnaissance qui commence cette histoire en nous avouant qu'il est un assassin ! Imposture, reconnaissance institutionnelle absurde et versatile, désacralisation, compromission, ou réelle valeur, de ce carnage drolatique restera l'amitié. Brillant. 

Alita : battle angel.

Alita: battle angel de Robert Rodriguez (U.S) °°° 2 H 01
Retour aux fondamentaux. Le réalisateur privilégie l'histoire aux effets spéciaux et on l'en remercie, ce qui n'empêche pas d'y en avoir quantité et forts réussis. Cette justicière du XXVI èmè siècle, cyborg au grand cœur vient du manga Gunnm et affiche des yeux immenses. Elle re-vit à Iron city, ville poubelle, grâce au docteur Ido joué par Christoph Waltz enfin dans un rôle de gentil. Dans une vie antérieure elle était peut-être à Zalem la dernière cité volante que tout habitant espère visiter. La seule possibilité d'y accéder est de gagner le motorball jeu d'une extrême violence. Cela rappelle " Rollerball" de notre enfance avec James Caan. Il y a un côté naïf, avec les bons et les méchants ( de nouveau Mahershala Ali, Jennyfer Conelly) tout à fait rassurant, bref un petit saut dans l'enfance.

La dernière folie de Claire darling

La dernière folie de Claire Darling de Julie Bertuccelli (Fr) °° 1 H 35
Fable mélancolique. La tristesse habite le film tout du long. C'est le dernier jour de la vie de Claire, du moins l'a -t-elle rêvé. Elle décide d'organiser une grande braderie dans le jardin pour se séparer de tous ses fantômes. Notamment ses collections d'automates magnifiques et plein d'autres  objets d'une grande valeur qu'elle brade parce qu'elle n'a plus toute sa tête comme on dit. Une amie d'enfance appelle sa fille qu'elle n'a pas vue depuis longtemps pour essayer d'empêcher cette folie. Suite de flash-backs qui se jouent des filiations réelles ou non, entre Chiara Mastroianni, Alice Taglioni, et Catherine Deneuve qui vampirise l'écran. Le temps semble se brouiller dans les méandres de lieux, d'ambiances, au milieu de tous ses objets. Sensible.

Une intime conviction

Une intime conviction d'Antoine Raimbault (fr) °° 1 H 50
Le réalisateur s'empare de l'affaire Suzanne Viguier lors de son deuxième procès. On suit Eric Dupont-Moretti (Olivier Gourmet, parfait) secondé par un personnage inventé Nora joué par Marina Foïs ( fiévreuse et habitée) qui sacrifie sa vie pour démontrer l'injustice. Film de procès classique que l'on suit avec intérêt, parait-il très fidèle au vrai. Suspense garanti. 

Sophia Aram

Sophia Aram A nos amours...(Palais des glaces) °°
Après un début un peu poussif avec les histoires de contes de fées qui se traînent, Sophia redevient mordante, drôle, et surtout sans limite avec bonheur tout le reste su show.  Tout y passe ou presque. Séductions, agressions sexuelles, l'affaire Weinstein et ses conséquences, la ménopause, les relations amoureuses, le couple et surtout les ragnagnas !!!!! Les quoi ? Non, pardon l'écoulement de sang qui survient chaque mois au niveau de l'appareil génital. Très bonne soirée.

La favorite

La favotite de Yòrgos Lànthimos (U.S) °°°°  2 H 00
Au XVIII ème siécle une reine cyclotomique ( Génialissime Olivia Colman) et ses deux favorites s’entre-dévorent. C'est une nouvelle vision du film costumé. Une sorte de Barry Lyndon sous acide. Les femmes écrasent les hommes qui ressemblent à des bouffons ridicules sous leur visages poudrés. Elles mènent la danse mais pour servir cette reine complètement dépressive, larguée, mais terriblement humaine c'est une guerre impitoyable que se livrent les deux favorites Rachel Weisz & Emma Stone ( toutes deux formidables). Tous les coups seront permis jusqu'à destruction finale. C'est rythmé, original, documenté, truculent, drôle, poignant. Le réalisateur n’hésite pas à en faire beaucoup dans les intrigues, l'humiliation. Et on se sait plus si tout est factice ou sincère, surtout dans les rapports amoureux de ces dames. Bref une totale réussite qui change des films consensuels habituels. A découvrir d'urgence.

Minuscule 2

Minuscule 2 de Thomas Szabo & Hélène Giraud (Fr) °°° 1 H 29
Plaisir renouvelé, avec ses mandibules du bout du monde. Nous vivons avec nos amis volants et trottants des aventures incroyables puisque nous partons en Guadeloupe. Notre pauvre coccinelle est tombée, après une attaque massive de fourmis rouges, dans un carton en partance vers les îles. La fine équipe fera tout pour sauver leur camarade (et l'île, par la même occasion, d'une attaque de pelleteuse). Ce mélange de prises de vues réelles et animations fait merveille. Pas de dialogue, du bruitage drolatique. Et c'est français, ça vaut largement Pixar, Ghibli & compagnie. Cette délocalisation en jungle avec ses nouveaux dangers enchante. Humour, poésie, hommage aux maîtres de l'animation, décalage, bref une totale réussite. Je suis prêt pour une suite: les fourmis rouges au Japon. ... 

Sorry to bother you

Sorry to bother you de Boots Riley (U.S) °°° 1 H 51
Farce loufoque qui fait du bien. Le rappeur réalisateur dénonce le capitalisme de façon tout à fait originale. Son film commence avec un jeune un peu paumé vivotant dans un garage Cassius Green ( Lakeith Stanfield) qui devient un démarcheur téléphonique qui s'excuse de déranger. Après quelques conseils de Danny Glover, il grimpe dans la hiérarchie et se transforme en killer au désespoir de ses amis activistes. Déclaration de guerre ouverte contre Trump, critique acerbe, bourrée d'humour, d'ironie qui vire à la folie presque de science fiction qui effraye et amuse parce que bricolée. Comme cette référence (ou pas) à Michel Gondry . Si l'on accepte cette audace décalée on passe un très très bon moment.

Si Beale street pouvait parler

Si Beale Street pouvait parler de Barry Jenkins (U.S) °°° 1 H 59
Très joli film tiré du roman de James Baldwin. Deux très beaux afro-américains ( trop beaux même) vivent une histoire d'amour contrariée par le racisme et le déni de justice. Ils sont filmés de vraiment très près par Barry Jenkins l'auteur du génial " Moonlight" (que j'avais adoré). On découvre petit à petit par de courts flash-back l'horreur de cette arrestation, le pourquoi et toutes ses conséquences. C'est du romantisme assumé, les caractères sont volontairement campés, les bons, les gentils, sauf lors d'une escapade à Porto Rico pour retrouvée l'accusatrice. Il est dans la lignée des grandes histoires d'amour légendaire ( comme Roméo et Juliette .) On sait que souvent, elles finissent pas terribles comme dirait la chanson. Film entre militantisme et résignation. A voir.

L'amour debout

L'amour debout de Michaël Dacheux (Fr) ¤ 1 H 23
Complètement raté. Je n'ai jamais un film avec autant de personnages qui se servent à rien, qui n'ont rien à dire mais qui le disent quand même !  D'ailleurs y-a-t-il un semblant d'histoire ? Cette chronique qui se veut un hommage au cinéma de la nouvelle vague ( on tourne autour d'Eustache) se promène dans un Paris quelque peu nouveau ( Villette, Pantin, Macdonald) jusqu'au Tango boîte bien connue du Daniloris). Et pourquoi choisir des acteurs qui jouent si mal . A éviter.