Encore heureux

Encore heureux de Benoit Graffin (Fr) °°° 1h33
La belle surprise du mois, une comédie sérieuse vraiment réussie. Une famille unie, tout amour, lutte contre la précarité.  Le père perd son travail, déprime. La mère initie ses enfants aux joies du vol en magasin. Et puis il y a la voisine où la fille prend de leçons de piano; celle ci meurt et commence les aventures hilarantes de notre petit monde pieds-nickeléens. Très bien écrit, sans prétention aucune que celle de réussir. Et surtout tous jouent merveilleusement bien. C'est un festival Bull Ogier. Allez-y.

Les premiers, les derniers

  Les premiers, les derniers de Bouli Lanners (Fr/Bel) °°° 1h38
Le vrai personnage de cette histoire c'est le paysage beauceron. Fascinant, avec ses lignes d'horizon qui n'en finissent jamais, le moindre monticule, pneus entassés, tas de raves en forment une montagne, la ligne bétonnée d'un train à jamais fantôme en fausse ligne de fuite en bouche les rêves.
L'histoire on s'en moque un peu, il y a une atmosphère spéciale composée par le jeu subtil de Dupontel ( jamais aussi bon que quand il oublie ses crises d'hystérie ) et de tous les autres Lanners, Rebbot ( surprenant  Jesus) Riaboukine , David Murgia petite frappe avec des yeux immenses formidable. A découvrir.

Experimenter

 Experimenter De Michael Almereyda (U.S) °°° 1h38
On se rappelle de l'experience à laquelle assistait Yves Montand dans "I comme Icare" de Verneuil, (elle avait marqué les esprits) sur l'obéissance des hommes face à l'autorité et jusqu'ou ils sont prêts à aller. Et bien ce film retrace les expériences de Stanley Milgram de façon théâtrale dans le vrai sens du mot. Des faux décors, des travelings simples, une salle, deux chaises et basta. C'est passionnant, surtout grâce au magnétisme hypnotique de Peter Sarsgaard qui y est prodigieux en nous parlant directement comme pour nous inclure dans ses expériences. A voir.

Spotlight

 Spotlight de Tom McCarthy (U.S) °° 2h08
Les qualités de ce film en sont aussi ses limites. Il est indispensable, une enquête passionnante publiée dans le Boston Globe sur les prêtres pédophiles couverts par l'église mais aussi par des avocats qui monnayaient des indemnités aux victimes. Le jeu des acteurs tout en subtilité, dont les recherches avancent, on en a l'impression, en temps réel plombent un peu. Il faut du temps pour entrer dans l'action. C'est bien de montrer les difficultés des journalistes mais cela manque de souffle, on ne sent pas l'effervescence des salles de rédaction, l'adrénaline qui monte mais elle devait être là et Ils ont mérité leur prix Pulitzer. 6 nominations aux Oscar. A voir.

J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd

J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd de Laetitia Carton
(Fr) °°°   1 h 45
Documentaire absolument passionnant et très émouvant dans le pays des sourds. La réalisatrice, militante, rend un hommage à l'ami Vincent qui l'a adoptée dans cet univers, à travers une galerie de portraits tous aussi attachants les uns que les autres. Défenseurs de La langue des signes, dénonçant l'acharnement du médical, le désintérêt total des autorités malgré les apparences et des médias. Après ce film on relativise le mot "handicap" et on découvre un vrai monde culturel magnifique, innovant et prometteur d'avenir. A voir vraiment. 

Legend

Legend de Brian Helgeland (G.B) ° 2h11
Pas grand chose à tirer de ce film long et ennuyeux. Une histoire de gangsters londoniens jumeaux, l'un homo et complètement fêlé et l'autre hétéro mais qui ne vaut pas mieux sous des apparences trompeuses. Aucune innovation, du déjà vu. Seule, peut-être, la double interprétation de Tom Hardy peut susciter un soupçon d'intérêt et encore. Si rien d'autre ne vous parle....

Les chevaliers blancs

  les chevaliers blancs de Joachim Lafosse (Fr / bel) °°° 1 h 52
Loin des films d'actions ou politiques, Lafosse suit au plus prêt les protagonistes de "L'arche de Zoé". Il nous embarque dans cette folie en compagnie de Vincent Lindon qui n'est qu'ambiguïté. On reste dans une sorte de vase clos, comme en prison, en attente, que ce soit dans le camp, dans les voitures ou dans les villages. D'abord tout ce petit monde ONG semble parfaitement à leur place en venant en aide à des orphelins de guerre, mais d'orphelin on n'en voit pas le bout du nez alors commence une affreuse machination que chacun va alimenter à sa façon, sa femme ( Louise Bourgoin) la journaliste (Valérie Donzelli), l'hôte (Reda Kateb) et même les chefs de village appâtés par l'argent. Quand on sait que les rapports en Afrique avec les enfants ne sont pas les mêmes que chez nous, le mensonge des uns et l'incompréhension des autres aboutiront à un fiasco total et immoral. Remarquable.

Danish girl

 Danish girl de Tom Hooper (U.S / G.B) °° 2 h 00
L'histoire du premier homme qui voulut être une femme, Einar Wegener, peintre paysagiste, marié à Gerda, peintre elle aussi, qui percera en n'arrêtant pas de peindre son androgyne de mari. Sûr que Eddie Redmayne assure dans ce role à Oscar mais le traitement du film pèse une tonne. On s'ennuie assez vite dans ce monde ouaté qui devrait être bouillonnant. Il élimine tous les aspects intéressants: Lili face au monde extérieur, face à la médecine, aux amis Elle reste enfermée avec son ex femme, admirable de compréhension se désolant sur son sort. Certes il-elle est courageux(se) de passer le pas surtout à cette époque mais cela manque de souffle. Trop sage, trop académique et trop long. A vous de voir.

La garçon et la bête

 Le garçon et la bête de Mamoru Hosoda (Japon) °°° 1 h 59
C'est un film magnifique, mélange de modernité geek et d'humeur Myasakienne. On y rencontre pour notre plus grand bonheur, les petits personnages fantasques japonais, des dieux étranges, des sages ( ici un lapin adorable à l'humour sympathique), les mondes parallèles avec entrée à la Potter. Notre héros va découvrir l'amour parental dans un univers peuplé d'animaux, grâce à un ours mal léché qui veut succéder au seigneur rongeur à grandes oreilles. L'apprentissage d'abord long et délicat va finir en apothéose lors du sacrifice final. Hosoda enrichit nos rêves avec des images à couper le souffle avec notamment  Moby Dick dans les rues de Tokyo à Shibuya. Une vraie réussite.