A feux doux

 

A feu doux de Sarah Friedland (U.S) °°° 1 H 38

Bouleversant. On suit l'Alzheimer de Ruth (Kathleen Chalfant, exceptionnelle, prix d'interprétation Orizzonti) 80 ans dans un EPHAD qu'elle avait choisi avant qu'elle ne commence à perdre la mémoire. Aucun pathos, du brut. Nicole Rieu chantait: "Et tout en tournant la clé, elle sait qu'elle tourne la page, elle sait qu'elle vient d'embarquer, pour son avant-dernier voyage" C'est exactement ça. Très bien entourée par une équipe soignante bienveillante, de temps en temps elle a des sursauts de lucidité, surtout quand il s'agit de cuisine ( la scène dans la cuisine est géniale). C'est quasiment un documentaire qui épouse son lent cheminement vu par elle-même. Avoir.

Dangerous Animals

 

Dangerous Animals de Sean Byrne (Aust) °°° 1 H 33

Même s'il réveille en nous nos vilains instincts, on se réjouit de ce film de genre où un loup de mer sadique donne à manger aux requins ses victimes, souvent touristes en Australie. Il réussit à contourner un peu les poncifs habituels. Zéphir (Hassie Harrison) surfeuse solitaire nouvelle proie réussira t-elle à s'en sortir? Film de requins qui nous semblent bien plus sympathiques que certains humains. Distrayant.

Slow

  

Slow de Marija Kavtaradze (Lit) ° 1 H 48

Un prof de langue des signes ( beaucoup de signes sont communs avec ceux de France) et une prof de danse tombent amoureux. Ils se plaisent immédiatement mais celui-ci est asexuel. Donc une question se pose: peut on  aimer quelqu'un sans désir physique pour l'un, sans être désiré pour l'autre. La réalisatrice sait filmer les corps et les acteurs sont bien choisis ( Greta Grineviciute et Kestutis Cicenas) mais je ne suis un peu ennuyé, cela traine en longueur et je l'avoue je n'arrive pas à comprendre très bien les véritables sensations de ce garçon par rapport au plaisir. Il manque une réflexion sur le sujet pour moi. A vous de voir.

L'affaire Corneille Molière

 

L'affaire Corneille Molière de Marc Tourneboeuf (Comédie Bastille) °° 1 H 40

Mis en scène par Julien Alluguette. La patte Michalik a encore frappé. Cette pièce au sujet passionnant : Molière a t-il vraiment écrit toutes ses pièces ou s'est-il fait aidé par Corneille ? En 68 Henri Marais prof à la Sorbonne évoque cette théorie. Piqués par ce mystère trois étudiants vont mener l'enquête. Après un début très dense, trop confus, on met du temps à comprendre l'histoire parce que cela bouge beaucoup ( trop ?) et surtout il y a trop de personnages (30 au total). Mais au fur et à mesure, cela s'éclaircit et on suit cette aventure avec un certain plaisir. Sûr que le rythme est important dans une pièce mais il ne faut pas qu'il réduise le temps de pause et de réflexion indispensables pour le spectateur. Pourquoi pas.

Confidente

 

Confidente de çagla Zencirci & Guillaume Giovanetti (Tur/Fr/Lux) °°° 1 h 16

Ce film court (pour une fois) est une perle. Tout se passe dans une pièce d'opératrices hotline. Une jeune femme très experte arrive à jongler avec tous les désirs plus ou moins acceptables de ces messieurs quand arrive un tremblement de terre ( on est en 1999) . Elle reçoit un appel d'un jeune homme enseveli qu'elle  doit essayer de la sauver mais juste avant elle était en ligne avec un procureur dont elle a entendu une conversation qu'elle n'aurait jamais du entendre . Du coup elle doit aussi essayer de sauver sa propre vie. Fait de plans fixes, en un lieu unique, quelques collègues, un patron entreprenant, le suspense monte petit à petit comme notre angoisse. Saadet Isil Aksov est géniale: de petite employée malmenée elle va devenir actrice d'un jeu politique tarabiscoté. A voir.

Mémoire(s) de l'Olympia

 

Mémoire(s) de l'Olympia (Le funambule) °°° 

Très beau spectacle chanté par Tito Clément qui nous raconte l'histoire du célèbre music-hall parisien bd des Capucines. Il est l'homme de l'ombre, l'agent de maintenance depuis 1954, depuis les débuts de Bécaud, celui qui voit tout, entend tout. Défilent, Eddie, Brel, Sardou, Goldman, Sinatra, Jonasz, Nougaro, Johnny, Piaf, Aznavour, avec même un petit tour avec Berliner, Caradec ou Leprest. On parle du patron bien sûr, Coquatrix, de ses amis, on nomme M.P Belle, Lenorman, Higelin , Brassens et d'autres. Et il y a les grands oubliés: Montand, Fugain, Sheller, Trenet, Barbara, Annie Cordy, Adamo, Beatles mais on ne peut pas tout revisiter en une heure trente. A voir absolument pour raviver de beaux souvenirs.

Evanouis

 

Evanouis de Zack Gregger (U.S) ° 2 H 08

Dans la série des films z de l'été, celui-ci malgré Josh Brolin, reste au niveau des pâquerettes. Même le début qui aurait pu intriguer est mal fichu, l'histoire un peu inexistante. Il ne fait pas peur, ni n'émeut, ni rien. Allez donc voir "Substitution" celui là, fout les chocottes. Un gros bof.

Le soulier de satin

 

Le soulier de satin de Paul Claudel (Comédie française) °°° 6 H 00 ( sans les entractes)

Mis en scène par Eric Ruff de façon magistrale, costumes de Christian Lacroix. C'est une expérience à vivre sur la longueur. Le fait qu'on puisse souffler entre chaque journée (acte) aide énormément,  même si des fois notre esprit s'évade, on y retourne sans gêne, en comprenant tout. Les comédiens sont tous géniaux ( Christophe Montenez, Florence Viala, Laurent Stocker, Derge Bagdassarian, Didier Sandre, Danièle Lebrun, Baptiste Chabauty....) pour nous raconter les amours impossibles entre Rodrigue et Dona Prouhèze sur vingt ans et à travers le monde. Impressionnant.

Le mystère Cléopâtre

 
Le mystère Cléopâtre (IMA) °°

Petite expo sympa qui nous montre les différentes facettes de la dernière reine d'Egypte, de comment elle était perçue selon les époques, putain ou mythe. Grande chef d'état, grande amoureuse, (César, Antoine ..) L'icône nous permet de redécouvrir cette partie de l'histoire à travers sculptures, peintures, textes, films... Pourquoi pas.

7 jours

 

7 jours d'Ali Samadi Ahadi (All) °°° 1 H 43

Maryam militante iranienne emprisonnée, défenseuse des droits des femmes obtient 7 jours pour raison médicale. Elle va en profiter pour rejoindre son mari et ses enfants après un périple dangereux à travers les montagnes enneigées afin d'y traverser la frontière. Mais dans sa tête il n'est pas question de s'exiler, de quitter ses sœurs d'armes même si pour cela elle doit tourner le dos à sa famille. La rencontre avec ses enfants qui souffrent de la séparation va t-elle la faire changer d'avis ? L'héroïne du film (Vishka Asayesh formidable) est dans la même situation, exilée en Allemagne, comme le réalisateur. Ils connaissent leur sujet, celui de la militante Narges Mohammadi, prix Nobel de la paix, dont il parle plus ou moins ici. A voir

Last Stop: Yuma County

 

Last Stop: Yuma County de Francis Galluppi (U.S) °° 1 H 25

Jeu de massacre délicieusement jubilatoire. Une prise d'otages dans une station service en plein désert. Deux truands après avoir fait un casse sont obligés de s'arrêter dans une station qui n'a plus de carburant à fournir. Chaque nouvel arrivant va grossir le nombre d'otage: un représentant en couteau de cuisine, un couple de personnes âgées, le gérant, la serveuse, un indien du coin, un jeune couple jouant les Bonnie et Clyde . Bref, le réalisateur revisite ses classiques en nous amusant. Humour noir, situations absurdes, on y prend plaisir mais si bien sûr ce n'est le film du siècle.

Les 4 fantastiques

 

Les 4 fantastiques: premiers pas de Matt Shakman (U.S) °° 1 H 55

Où l'on retrouve enfin un film MCU avec un minimum de scénario et cela change tout. Il renoue avec le plaisir d'antan celui de lire les BD originales. Certes il y a encore un final grandiloquent mais il se resserre sur la famille, sur les valeurs (anciennes, ça a bien changé) de l'Amérique. Peut-être le début d'un retour à l'humain tout simplement. Plaisant et animé.

Substitution

 

Substitution de Danny & Michael Philippou (Aust) °°° 1 H 44

Terrifiant. Cela faisait longtemps que je n'avais vu un film de "genre" aussi réussi. Il fait vraiment flipper. Deux enfants, tout juste orphelins, sont placés chez une femme qui se révèlera être leur pire cauchemar. De loin, semble peut-être intervenir le diable mais ce n'est pas le sujet: on s'intéresse à la folie de cette femme, mère d'un petit garçon étrange ( Sally Hawkins absolument effrayante, dont chaque sourire, chaque mimique, chaque action nous clouent au fauteuil). Elle crée une violence du quotidien terrible, elle qui a vécu un drame terrible, qui fait que malgré sa folie, on n'arrive pas à la détester vraiment. (cela ne dure pas). Ici pas de grandiloquence, d'effets superflus, mais des humiliations, des automutilations, du chantage affectif, des menaces, des mensonges ciblés, bref toute une palette de tortures bégnines qui sont les pires. Si vous aimez ce genre, ce film est une perle.

Touch

 

Touch de Baltasar Kormàkur (Islande) °°° 2 H 01

Enfin une très belle histoire d'amour, ça nous change. Un vieil homme, en plein Covid, décide de retrouver un amour de jeunesse ( Kòki charmante japonaise) en partant pour le Japon. La mise en scène classique réussit à créer une ambiance romantique assez remarquable qui touche au cœur. Le jeune couple (Pàlmi Kormàkur Baltasarson fils du réal, hyper sexy dans sa timidité) est crédible et sa quête future recèle un secret lié à Hiroshima qui surprend. Touchant.